Mais pourquoi faut-il tout répéter 250 fois?

Va te coucher! Tais-toi! Fais moins de bruit! Dépêche-toi! Mais tu vas m’écouter??

Ces injonctions qui rythment le quotidien de nos enfants n’ont en général peu ou pas d’effet. Suis-je le/la seul(e) à répéter 250 fois la même rengaine, tous les soirs de l’année, 7 jours sur 7 (ou plutôt 6 car je m’accorde une soirée de répit le samedi), à m’égosiller pour qu’ils aillent se laver les dents ou rangent leur chambre? C’est pourtant le même programme tous les soirs, il n’y a pas de surprise. Ce n’est pas comme si nous nous couchions tantôt à 18 heures tantôt à 23 heures, avec tantôt une partie de ping pong au milieu, tantôt un french can-can à répéter entre deux portes. Non le menu est simple, clair concis, précis, pas de plat du jour, rien qui ne casse la routine : Devoirs, puis rangement, puis douche, puis dîner, puis pipi-les-mains-les-dents et DOOOOOODOOOOO!

C’est d’une simplicité ! Même un enfant de 2 ans serait capable d’exécuter cette routine tous les soirs. Mais quel bonheur ce serait de rien avoir à répéter! Les différentes tâches s’enchaîneraient, sans que nous n’ayons à remettre de pièce dans le juke box. A 20 heures tout le monde serait frais, dispo, peignés, pas une goutte d’eau sur le sol de la salle de bain, les cartables fermés, dans l’entrée, l’enfant assis sur son lit attendant sa caresse. A 20H30 tout le monde plongerait dans les bras de Morphée dans le calme absolu, sans débordement ni de 3ème pipi, ni de 5ème verre d’eau. Personne n’aurait mal au ventre, au doigt de pied, au talon, à l’ongle de l’auriculaire. Non, personne n’aurait les cheveux qui démangent, la peur des lutins, l’enfant de 2 ans, de 5 ans, de 10 ans s’auto-régulerait, n’aurait pas de débordement d’émotions le soir venu (ni à aucun autre moment d’ailleurs).

Et nous, parents… nous n’aurions plus qu’à les pluguer à une prise pour qu’ils se rechargent bien tranquillement la nuit avant d’aller les dépluguer à l’heure qui nous conviendrait. 7H en semaine, 11H le week end…

Peut-être qu’un jour….

En attendant nous n’en sommes pas là!! Et ce qui peut nous aider à ne pas nous décourager c’est de revenir sur le sens du mot « éduquer ». En latin le verbe « educere » signifie « conduire hors de ». Et non leur farcir la tête, les remplir, les contrôler, les télécommander. L’éducation est un des trois métiers impossibles selon Freud. Les deux autres métiers étant analyser et gouverner (plutôt d’actualité). Ça c’est la version de Freud. 100 ans plus tard, bien qu’étant tout juste aux prémisses de comprendre la psychologie humaine, nous avons davantage de clefs, de leviers sur lesquels nous appuyer pour participer à l’éclosion de nos enfants.

Tant que nous nous acharnerons à tenter de faire rentrer le crapeau dans la bouteille, dans cette injonction verticale, nos enfants auront à coeur de résister pour peu qu’ils soient mal lunés, fatigués, nerveux, anxieux. Essayer de faire rentrer un cheval dans son box s’il a décidé de rester dehors peut être vain. Or ce n’est pas en le poussant – aussi puissamment soit-il – que nous y parviendrons. En revanche, surprenons-le en lui tirant la queue et l’animal – déstabilisé – sera alors libre d’avancer.

Si vous en êtes à répéter 250 fois la même chose, ce n’est pas la 251ème fois qui fera la différence. Tentez autre chose!

Oui c’est possible, oui il existe des outils concrets et efficaces pour ne pas subir ces tunnels quotidiens comme l’ascension sans fin de falaises à mains nues. Chaussez vos crampons et venez me voir!

Julie Renauld Millet, thérapeute systémique spécialiste de la relation parents/enfants

julie.renauld.millet@gmail.com

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