L’enfant peut-il se mettre à la musique sans que nous l’y amenions? C’est la question à laquelle je cherche à répondre dans mon livre sur la confiance en soi.

Pour l’avoir explorée à la fois en coulisses et sur la scène, avec mes patients et mes enfants, il s’agit d’une question épineuse.

Ne pas proposer, c’est risquer de passer à côté. Ma fille n’aurait pas découvert le piano seule à 6 ans. Et l’initier sans mettre l’énergie nécessaire pour qu’elle s’accroche me parait vain. De l’énergie, j’en ai mis sur cette corde si délicate tendue entre pousser au risque d’accroître la réticence et laisser l’enfant libre d’y trouver du sens. Car il s’agit bien de cela. Tant que jouer d’un instrument n’a pas de sens pour l’enfant, ne se rattache à rien, il est difficile qu’il s’y mette sans râler.

Après de longs mois d’encouragements, après avoir nourri ce sens de l’effort et de l’engagement, je suis heureuse de voir ma fille s’installer au piano sans que je le lui propose (voire le lui demande). Cela signifie qu’elle joue pour elle et non plus pour faire plaisir à sa mère. J’ai donc fait ma part du job.

Le sens, elle l’a trouvé sous ses doigts, grâce à sa sensibilité, son oreille, les morceaux qui commencent à être mélodieux, la lecture de notes qui rentre petit à petit. Grâce à la patience et aux encouragements de son prof, grâce à elle.

Je ne l’ai pas poussée, mais j’ai été derrière, présente, engagée. J’ai ouvert des portes en lui faisant découvrir des musiques que j’aimais, en l’invitant à participer à mon cours de chant lyrique. J’ai tenté de faire de ce moment autre chose qu’une énième case à cocher. Autre chose qu’une injonction de plus afin qu’elle y prenne du plaisir et fasse sienne cette activité que j’ai décidé de lui faire découvrir.

julie.renauld.millet@gmail.com

« Leur donner confiance en eux pour toute la vie », Eyrolles, avril 2022.