Au micro de Carole Tolila pour son nouveau podcast « Parents au bout du fil »

La talentueuse journaliste Carole Tolila – qui ne s’arrête jamais – répond désormais aux interrogations des parents dans son nouveau podcast « Parents au bout du fil ». Il s’agit d’une ligne téléphonique accessible aux parents qui veulent témoigner sur les sujets qui les préoccupent comme l’hypersensibilité, les écrans, l’éducation égalitaire, etc. Elle s’entoure d’experts qui répondent directement au parent concerné.

J’ai eu le plaisir d’intervenir dans l’épisode sur le sommeil avec Alix, mère de deux petites filles, dont les nuits sont hachées et le coucher interminable. Si cela vous parle, le format est très efficace, ni trop long, ni trop court, les sujets variés et concrets.

Bonne écoute!

Parents au bout du fil spécial sommeil avec Julie Renauld, thérapeute systémique, auteure de « Mon enfant ne veut pas dormir », aux éditions Eyrolles.

« Mon enfant ne veut pas dormir »

couv jpgA vous qui venez de raccompagner votre enfant dans son lit pour la 412ème fois à 21 heures, et qui avalerez, excédés, un dîner froid. A toi qui te relèves à 3 heures du matin dans le froid de ton appartement, qui viens de t’éclater le doigt de pied sur un lego pour calmer le cauchemar de ta cadette. A toi qui ne te souviens plus à quand date ta dernière nuit complète : mon guide parental sur les troubles du sommeil de l’enfant sort en librairie le 6 février 2020!

Dans la collection « Parents au top » des édition Eyrolles, ce guide est un recueil de témoignages, d’expériences, d’astuces, de réflexions à se poser quand nos nuits sont hachées ou que le coucher est un désastre. Vous avez tout essayé! Etre ferme, être cool, le laisser dîner avec vous, le laisser pleurer, pleurer avec lui, dormir dans son lit, le faire dormir dans le vôtre… résultat : vous êtes épuisés et à bout!

Le mot d’ordre est : déculpabilisez!

Observez, écoutez, accompagnez, respirez, et surtout sur-tout prenez soin de vous.

Extrait :

« Il y a la théorie et puis il y a la pratique. Certaines mères ont l’impression que leur bébé ne dort jamais ou appréhendent de le voir cumuler les siestes la journée de peur de ne plus trouver le sommeil la nuit. Et si l’enfant pleure quand on le couche ou qu’il se réveille au bout de seulement vingt minutes, que faire ? Autrefois on disait que pleurer permettait au nouveau-né de développer ses poumons. Aujourd’hui encore, on entend çà et là qu’habituer un bébé à être dans les bras c’est prendre le risque d’en faire un enfant tyran !« 

« Les pleurs font partie de la vie d’un nouveau-né. Ils sont plus ou moins intenses selon les enfants et peuvent être très pénibles à vivre pour leurs parents. « Les pleurs sont la première cause de maltraitance de l’enfant », rappelle le docteur Gueguen. Les parents totalement désemparés, stressés, excédés par ces crises de larmes quotidiennes ont besoin d’être accompagnés, d’apprendre à comprendre les pleurs pour mieux y répondre.

Avant au moins l’âge de 4 ans, l’enfant n’est pas capable de s’apaiser seul ni de gérer ses émotions. Quand on le laisse pleurer, des molécules de stress (cortisol et adrénaline) sont sécrétées. Or elles sont très toxiques pour son cerveau encore immature et peuvent, à terme, détruire des neurones.« 

Au secours mon enfant ne dort pas!

IMG_1651Il ne veut pas se coucher ou (voire et) il se lève une ou plusieurs fois la nuit. Les parents sont au bout du rouleau, les yeux cernés, le cerveau en mode automatique.

Quand on range son biberon dans le lave linge et que l’on verse du jus d’orange dans ses céréales, c’est qu’il est temps de faire quelque chose!!

Et justement notre préoccupation à tous, est à tout prix de FAIRE. D’éteindre la machine, de mettre sur Off, de vouloir que les bruits cessent d’un coup, que l’enfant s’éteigne, qu’il nous laisse souffler enfin, une heure à soi, à nous deux. « C’est le temps de maman et papa! » Stop, ça doit s’arrêter.

Oui mais « ça » est un petit humain. Et même s’il se transforme en petit tigre dès le coucher du soleil, il entre dans la phase la plus anxiogène de sa journée. Celle où toute la maison va s’endormir pendant au moins 8 heures. Il fera noir presque partout, sauf autour de sa veilleuse. Il n’y aura aucun bruit. Cela ressemblera étrangement à la mort, c’est en tout cas ce que son inconscient peut être tenté de lui souffler au moment de s’endormir…

La veilleuse elle est bien là, il en a même deux. Elles sont à côté de son réveil qui fait monter un soleil quand vient l’heure de se lever. Sur sa table de nuit on trouve aussi sa bouteille d’eau, ses gouttes magiques, ses granules sucrées, son lait d’amande, sa boîte à cauchemars, sa box à fantômes, sa valise à colère. Dans son lit, il se fraye une place entre ses peluches, ses doudous, le T-shirt avec l’odeur de maman, bercé par une musique douce, qui projette parfois des images au plafond couvert d’autocollants phosphorescents…

  • ON A TOUT ESSAYÉ!!!!! Et… rien n’y fait!

On est prêt à tout pour notre petit amour et surtout pour DORMIR!!

Et lui, il est prêt à tout pour… rester avec nous! Quitte à faire crier maman et fâcher papa, il préfère être avec papa et maman en colère que tout seul avec ses colères.

Son enjeu est bien là, il va se retrouver seul avec ses idées, sa créativité, ses angoisses, ses  colères du jour, les disputes qu’il a traversées, les moqueries, les humiliations de la cour de récré, les peurs et les appréhensions, les échecs, les chutes, les frustrations… il va devoir faire fi de tout ce qui l’envahit pour… s’endormir paisiblement et faire de doux rêves… pas facile n’est-ce pas…?

Et si nous décidions de :

  1. Nous mettre à sa place quelques minutes et l’aider à vider sa besace bien trop lourde pour s’endormir
  2. Le rassurer : oui j’entends que tu as peur, tu as peur de quoi? ça te fait quoi? qu’est-ce qu’on pourrait faire pour éloigner cette peur?
  3. Surtout ne pas lui dire « qu’il n’y a rien », parce que sa peur, elle, est bien réelle. Donc s’il n’a peur de rien… alors il est fou??!!
  4. Prendre un temps pour soi pendant qu’il lit, pour prendre une douche, dîner, se détendre, avant de revenir, plus calme, le rassurer encore une fois
  5. Lui dire que s’il ne veut pas dormir, qu’il ne dorme pas, il joue, il lit, mais il reste dans sa chambre, dans son lit et calme
  6. « Maman, je ne veux pas dormir », « mais mon chéri, ne dors pas! prends un livre! ». Parce que quand nous, nous n’arrivons pas à dormir, ce n’est pas en nous disant « dors! dors! dors! ça va être horrible demain, tu vas être crevé, tu n’auras pas assez dormi… », que nous parvenons à nous endormir! On rallume et on lit!
  7.  Faire du coucher un non-événement (alléger nos attentes et notre appréhension), ou un moment chouette pendant lequel on se dit des secrets. On se raconte le meilleure et le pire de la journée. C’est difficile pour nous parents, parce que c’est la fin de la journée, le moment où nous n’avons plus envie de rien, plus d’énergie pour rien d’autre que d’avoir la paix. Mais il faut parfois investir un quart d’heure de qualité pour gagner cette paix. Parce que ce temps-là, pour l’enfant, il compte double, voire triple! Lui aussi il est fatigué, il est donc souvent nerveux. On voudrait qu’il tombe de sommeil or il est prêt à retourner sa chambre. Et c’est à nous de le guider vers le calme, car c’est ça dont il a besoin. Et Nous aussi!
  8. Ecouter le CD de « Calme et attentif comme la grenouille », ensemble. Et faire ensemble un exercice de méditation, ce sera bénéfique pour nous tous.
  9. Quand ils sont plusieurs, mettre en place une horloge qui montrera que chacun aura ses 5 minutes avec son parent pour lui tout seul, après le moment des histoires collectives.
  10. Si l’un veut jouer, l’autre est fatigué, laisser le premier jouer, commencer l’histoire et il rattrapera le train naturellement. Ou pas.

Prendre beaucoup beaucoup de recul, même si c’est difficile et se dire que tout passe, que ce ne sera pas forcément pire plus tard (quand il ira à l’école, quand il sortira de son lit, quand il dormira seul, etc.).

Lui faire confiance, et le lui dire « je sais que tu vas réussir à t’endormir et à ne pas te relever, tu en es capable, tu as réussi hier (mercredi, l’été dernier...) »

Et l’autoriser à ne pas dormir. Il doit se coucher mais s’il n’a pas sommeil tout de suite, lui proposer de jouer dans son lit. Il ne jouera pas forcément mais il sera soulagé de savoir qu’il ne FAUT pas dormir à tout prix, maintenant, tout de suite. Dès lors que ce ne sera plus un enjeu vital, il trouvera plus facilement le sommeil.

Chaque enfant est unique, il ne peut pas obéir à telle ou telle recette miracle. Il a un passé, une sensibilité, des émotions, des phases de développement socio-affectives qui lui sont propres. Soyons curieux de ce qui se passe pour eux, à ce moment-là en nous reconnectant avec lui pour une petit moment, en communiquant, en rassurant mille fois s’il le faut, en apportant de la tendresse.

Les astuces matériels, les poissons rouges ou chien qui dort au pied du lit peuvent être rassurants, mais s’endormir sereinement cela peut s’apprendre ensemble.

Bonne nuit… petits et grands!

NB : si vous avez néanmoins besoin d’aide, je consulte ! Pour prendre RDV julie.renauld.millet@gmail.com

 

Mon enfant ne veut pas se coucher!

Live du coucher de Gaspard et Louise

L’équipe de la Maison des Maternelles est venue filmer le coucher de mes enfants (4 et 2 ans).

J’ai accepté de filmer ce défi du quotidien pour déculpabiliser les parents. On peut être coach parental, formateur en Discipline Positive, et souffrir le soir parce que le coucher s’éternise.

C’est un des sujets les plus préoccupants pour les parents de jeunes enfants. On en parle autour de nous, on demande beaucoup d’avis, on compare avec les cousins qui dorment partout, 12 heures, et font la grasse mat’. On consulte des spécialistes… et on ne dort toujours pas!!

Mes deux enfants ne sont pas de gros dormeurs et ne « lâchent » rien. Mais leurs parents non plus! Ils ont leur personnalité, sont énergiques, curieux. Et pour moi, cultiver le lien est fondamental. J’en ai d’ailleurs fait mon métier. Je passe donc du temps à comprendre, observer et expérimenter.

« Une bonne fessée et c’est plié »

Archi contre la fessée, je me suis dit qu’il était idiot de ne pas essayer puisque les « pro » fessées m’en parlaient comme d’un miracle et parce que, vous le savez si vous lisez cet article, quand on ne dort pas, on est prêt à TOUT essayer!!! Soit. Un soir, Gaspard, 2 ans, a reçu une fessée (enfin, a « attrapé » une fessée à la volée, lors d’une course effrénée dans la salle de bain, à 21 heures, alors qu’il se relevait pour la 17è fois). Et là… l’effet a été immédiat! ça oui. Ce geste d’énervement et d’excitation absolue l’a rendu hystérique. Il a redoublé d’énergie et d’énervement et a tout retourné sur son passage (le panier de linge, les mouchoirs, les jouets…). Une furie incontrôlable. Je venais de m’infliger à moi, la pire des punitions. Au lieu de le calmer, je venais de le faire sortir de ses gonds. Plus jamais! J’ai su plus tard, en entrant dans la discipline positive, ce qui se passait dans le cerveau de l’enfant lorsqu’il recevait une fessée ou tout autre geste violent. Ses neurones miroir ont répondu à mon geste qui traduisait mon énervement, par un énervement tout aussi violent. J’ai appris par la suite que pour faire redescendre un enfant, il était indispensable de redescendre d’abord soi-même. Sans parler du modèle que je lui proposais : « quand tu es très énervé, tu peux taper ». CQFD.

La Discipline Positive m’a donné des outils qui ont fonctionné ou fonctionnent parfois, j’alterne, il n’y a pas de recette miracle. Mais elle m’a surtout aidé à comprendre pourquoi je me sentais envahie par mes enfants le soir et pourquoi, tant que je me sentirai « envahie », ils continueraient à m’envahir… Depuis que je lâche un peu plus, que j’accepte, que je lutte moins, c’est curieux… je suis moins envahie! C’est une question d’observation, de perception, d’ajustement, d’écoute, de confiance et d’endurance.

Alors oui il faut du temps et beaucoup de patience. Mais en fait, mes enfants ne me donnent tout simplement pas le choix. Je vois bien que, dès que je crie, je m’énerve, je punis, j’isole… je n’obtiens rien de plus, voire la situation dégénère encore davantage. Et moi, comme vous, ce que je cherche, ce sont des résultats et une soirée calme et tranquille. Je ne cherche pas la palme d’or de la mère qui ne s’énerve jamais !!

Chaque situation a ses propres clefs. Et il existe beaucoup d’outils pour soulager les parents. Mais cela commence par observer, observer, observer… pour comprendre ce qui se passe chez mon enfant, au moment du coucher et apporter les réponses adaptées. Pour tous les enfants du monde, le coucher est angoissant car c’est le moment où l’on quitte ses parents pour une très longue période, que toute la maison s’endort, dans le noir, dans le silence. Est-ce que je vais me réveiller? Est-ce que mes parents vont se réveiller? Pour certains enfants, ces angoisses seront gérées sans trop de difficultés, et pour d’autres ce sera bien délicat. A nous de les y aider!