Immersion dans les Ateliers Parents de Discipline Positive. Le thème : punition et récompense

Punition et récompense, bâton ou carotte…? Les recettes d’antan sont-elles encore efficaces aujourd’hui? Quand je punis mon enfant, a t-il compris le message? Et quand il adopte un comportement exemplaire, puis-je le récompenser pour l’inviter à continuer sur cette voie?

Si la carotte et le bâton peuvent fonctionner sur le moment, nous avons aujourd’hui le recul nécessaire et des outils comme les neurosciences nous permettant d’affirmer que « l’éducation dans un cadre punitif et répressif a des effets dommageables sur le développement du cerveau« , comme l’explique Béatrice Sabaté, psychologue clinicienne, dans l’émission « La Maison des Maternelles », diffusée sur France 5 le 11 octobre 2019.

  • Pourquoi aller au coin nous emmène dans le mur

Si la punition peut marquer un temps d’arrêt, elle engendre quatre conséquences possibles comme effet boomerang à long terme : la rébellion, le retrait, le ressentiment, la revanche. C’est ce qu’ont expérimenté les parents de mes Ateliers lorsqu’ils ont dû plonger dans leur enfance pour se remémorer un souvenir de punition. En nous mettant dans la peau de nos enfants, nous découvrons émotionnellement ce qui se passe pour eux. C’est là que se font les déclics pour changer nos habitudes éducatives.

Isoler l’enfant lorsqu’il fait une colère ou s’oppose avant quatre ans est contre-productif car ne sachant pas gérer ses émotions seul, il va s’empêtrer dans sa tempête émotionnelle, dont il sortira avec encore plus de colère, de l’inquiétude, et l’angoisse que cela se reproduise. Et cela se reproduira car ses émotions le submergent jour après jour. Le mettre au coin est une humiliation car en général le coin est visible de tous. Non seulement il est seul mais tout le monde le regarde. Comment sortir grandi d’une telle situation?

A partir de sept ans, l’enfant peut faire preuve de réflexion et l’isoler dans sa chambre peut être une solution, mais tout dépend comment cela lui est proposé. Encore une fois, l’objectif est de le faire grandir, apprendre, comprendre et pour cela il faut l’aider.

Si votre enfant vous sort par les yeux et que sur le coup de la colère vous avez envie de le priver de dessert, de dessins-animés, de téléphone… jusqu’à la fin de sa vie, il est temps pour VOUS de vous isoler et d’aller réfléchir à ce qui pourrait être constructif pour tout un chacun. S’isoler soi-même est souvent bien plus utile! Car quand vous reviendrez après un temps pour vous (douche, dîner, arrosage de plantes, carré de chocolat…), votre visage et votre état d’esprit ne seront plus les mêmes et, par effet miroir, l’enfant pourra redescendre.

  • On marche à la carotte, en plus ça rend aimable!

La carotte, la récompense, font beaucoup de bien sur le moment. Les parents soucieux de participer à la confiance et l’estime de soi de leur enfant, désireux que celui-ci s’exécute, ont découvert qu’avec la carotte, l’enfant, – tout comme l’âne – avançait. Mais qu’apprend t-il par ce biais? S’il fait les choses pour l’image, le bon point, le bonbon, le temps d’écran, comment va t-il élaborer le sens de l’effort, la motivation, la curiosité…? J’ai maintes fois cité l’étude de Carole Dweck pour inviter les parents à encourager leurs enfants plutôt qu’à les complimenter, à louer leur sens de l’effort, leurs progrès, leur apprendre à s’auto-évaluer, à décrire ce qu’il ont réalisé plutôt qu’à le sur-valoriser, à leur apprendre à être fiers d’eux-mêmes et non à rendre fiers leurs parents. Toute la différence est là.

La carotte fait avancer l’enfant, il sera bien coiffé et dans les temps, mais n’aura pas eu le loisir de réfléchir aux raisons qui le poussent à agir ainsi, n’aura pas eu besoin de faire preuve de créativité, d’imagination, d’innovation. Il aura été un parfait exécutant, prêt à refaire indéfiniment le même parcours tant que la carotte l’attend au bout.

La carotte vous rend service à vous, mais pas à eux. Il n’est pour autant pas du tout compliqué de sortir de ce cercle que l’on croyait vertueux, c’est un changement d’habitudes, de réflexions à leur encontre. Cela se fait petit à petit, c’est une gymnastique essentielle pour leur construction et leur confiance en eux. Cela passe par la façon dont vous allez poser les yeux sur eux, en les invitant à faire pour eux-mêmes et non plus pour les autres. Cela vous permettra de sortir de « qu’est-ce que tu me donnes en échange? » que vous avez instauré sans le vouloir.

Les outils existent, ils passent par un changement de regard sur votre enfant. En le comprenant mieux, vous réussirez à le faire grandir dans un cadre ferme, bienveillant et encourageant.

Regardez Les Ateliers Parents dans l’émission la Maison des Maternelles, diffusée sur France 5 vendredi 11 octobre 2019

Julie Renauld Millet, coach parental

Mon enfant est insolent

IMG_0179« Voilà, tu as tout fait tomber, idiote, va!« , réprimande un père à sa fille de 8 ans.

« Idiot va! Je te rends la monnaie de ta pièce« , lui répond la jeune fille.

A première vue, cette scène attrapée au vol dans un train, illustre à merveille toute l’insolence qu’un enfant peut exprimer envers son parent. Elle déroge aux principales règles d’éducation :

  1. Tu ne répondras pas à un adulte
  2. Tu n’insulteras pas ton père ou ta mère

Oui mais ces deux règles sont-elles valables lorsque le parent lui-même insulte l’enfant, l’humilie en public (dans le train, et suffisamment fort pour que sa voisine de devant  – moi en l’occurence – l’entende, mais j’imagine aussi la voisine de droite, de derrière, etc.) l’empêchant toute possibilité de réparer éventuellement son erreur. Car les principes et les règles sont une chose, mais l’éducation est avant tout l’apprentissage de valeurs, celle de respect mutuel (enfant, adultes, animaux, objets…), de compétences psycho-sociales (réparer ses erreurs, nettoyer, ramasser, ranger, s’excuser…). Et pour que l’enfant acquiert ces compétences et ces valeurs, le parent est son modèle. Grâce à nos neurones miroirs dont nous sommes tous et toutes équipés, l’enfant va répéter ce que le parent fait. S’il hurle sur les voitures qui n’avancent pas, il apprend à son enfant que pour faire avancer les autres, il faut leur hurler dessus.

Pourquoi cette jeune fille a t-elle répondu à son père? Avait-elle le choix? Son père lui a t-il laissé l’opportunité de ramasser ce qu’elle avait fait tomber avant de la condamner à l’idiotie? Jane Nelsen, Docteur en Psychologie, auteur de la Discipline Positive, souligne que pour que l’enfant fasse mieux, il faut d’abord qu’il se sente mieux. Il ne s’agit pas de le féliciter d’avoir fait tomber des choses par-terre, mais de le guider pour qu’il répare et éventuellement s’excuse s’il avait été prévenu qu’il ne fallait surtout pas toucher à ces objets, s’il a désobéi, etc.

Quel est notre objectif en tant que parent quand nos enfant font des erreurs? Si c’est que cela ne se reproduise plus, l’humiliation et les insultes sont totalement inefficaces. Cela ne nourrira qu’un esprit de revanche (« je te rends la monnaie de ta pièce »), de retrait, de rébellion. On peut appeler cela de l’insolence, mais examinons d’abord le message que nous avons envoyé à notre enfant pour qu’il se conduise ainsi et les messages que nous envoyons aux autres et qu’il observe toute la journée. Nous sommes leurs modèles, dans un sens comme dans l’autre.

Julie Renauld Millet, thérapeute systémique, coach parental

 

 

Cette boule dans la gorge

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Elle part du ventre, puis elle remonte le long de l’oesophage. Elle coupe la respiration, la salive. On a envie de l’expulser, alors les larmes montent et ça tire dans le cou. Je suis au milieu de la circulation avec mon bi-porteur. Si je pleure, je ne verrai plus rien. Alors je déglutis, je respire et j’avance.

C’est formidable de créer du lien avec ses enfants. Cette corde de tendresse et d’amour absolu qui nous tient bien serrés les uns contre les autres. Mais c’est une toute autre histoire de détendre l’élastique pour laisser nos amours franchir le portail puis la cour de l’école. Mon Dieu qu’il est difficile de voir partir mes enfants ce matin, chacun dans une nouvelle école. Tous mes souvenirs remontent. Ma première fois à l’école maternelle belge, ma première fois en CE2 au Maroc, ma première fois au collège, puis l’arrivée à Alger en 5è, puis l’évacuation vers Neuilly pour finir l’année, mon retour à Bruxelles, mon arrivée à Paris pour mes études. Bref toutes ces nouvelles écoles où il faut combattre sa timidité, prendre sur soi, aller vers les autres. On se sent seuls au monde, tout petits entourés de bâtiments qui font 100 mètres de hauteur. Vers qui aller? Qui va me sourire? Qui va me parler? Qu’est-ce que je vais faire si je suis perdue? Est-ce que je n’ai pas oublié des affaires? Comment s’appelle ma maîtresse? Qu’est-ce que je fais si personne ne me parle de la journée? Que faire si cela dure 2 mois hormis pleurer tous le soirs comme je l’ai vécu à Alger?

Ce matin, devant le portail de l’école, je vois mon petit bonhomme de 5 ans et demi se décomposer, me dire qu’il est trop fatigué pour aller à l’école, ses larmes le submerger. Autour de nous tout le monde se connaît, les mères sont enthousiastes de se retrouver. Elles discutent, s’installent au café d’en face. Quelles joie et bonne humeur autour de nous qui sommes… seuls au monde, d’une tristesse infinie, entourés de ces bâtiments qui font 100 mètres de haut.

Il y a surement d’autres nouveaux élèves dans cette école, mon fils n’est certainement pas le seul. Ce serait tellement formidable que les nouveaux soient entourés les premiers jours, guidés, accompagnés, accueillis. Il suffit de quelques jours, et très vite ils ne seront plus nouveaux. Mais ces quelques jours sont tellement cruciaux et douloureux.

Oui c’est sûr, il y a pire souffrance, pire douleur. Oui mais ce sentiment-là a creusé son sillon pour être encore aussi envahissant 30 ans plus tard!

Alors sans doute y a t-il des enfants qui foncent en courant à l’école, nouvelle ou pas. Des enfants qu’on fait descendre de la voiture et à qui on fait un coucou de la main. Des mamans qui partent le nez au vent. Et à cet instant bien sûr je les envie un peu.

Ma fille aussi est dans une nouvelle école, mais elle, je la sens plus tenace, plus enthousiaste. Je l’accompagne avec autant de tendresse et la rassure au maximum mais je sais que cela va bien se passer pour elle.

Gaspard, lui, c’est mon clone. Je le réalise chaque jour un peu plus quand je le regarde et l’écoute. Comme moi il ne remplit aucun de ses pantalons, et pour cause, il n’a jamais une faim de loup. Une sensibilité à fleur de peau. Cette nuit je n’ai pas dormi, il est venu dans mon lit à 5H45. Et ce matin je lui dis « laisses tes lèvres tranquilles, elles sont toutes abîmées« , et à peine prononcé cette phrase je me réalise que je suis en train de pincer mes lèvres aussi forts que je serre sa main!

Cette boule dans la gorge c’est toute l’énergie de solitude, de tristesse et d’anxiété que j’ai absorbée ce matin, qui est passée de lui à moi, de moi à lui. Tout est remonté. Tout redescendra surement. Il sera enthousiaste quand j’irai le chercher et demain matin, je devrai sans doute remettre de l’énergie pour lui donner le courage d’affronter les premières marches.

Le lien crée aussi de la souffrance, c’est le revers de la médaille malheureusement!

J’espère de tout mon coeur qu’un jour, dans toutes les écoles, on accueillera les nouveaux élèves, ils seront parrainés, ils auront un ou deux guides, on leur tendra la main. Je suis certaine que dans toutes les écoles, il y a des enfants qui seraient ravis d’endosser ce rôle. Il suffirait que le directeur ou la directrice se souvienne de ces premiers moments dans la cour ou comprennent à quel point cela peut être difficile pour certains. Et non ça ne forge pas le caractère, ça n’endurcit pas, ça ne permet pas de devenir meilleur. Je suis convaincue que si je m’étais sentie un peu plus accueillie lors de toutes ces premières fois, ce serait moins douloureux de le revivre en écho à 37 ans… J’encourage beaucoup mes enfants à sourire aux nouveaux quand ils n’occupent pas cette place, à aider les plus petits. A tel point que ma fille hier m’a dit « mais maman, la maîtresse va me gronder si c’est moi qui dit à Victor ce qu’il doit faire » quand je l’invitais à aider un petit qui pleurait. Chacun sa place, certes, mais nos enfants gagneront beaucoup à créer du lien entre eux, même si parfois, c’est un peu coûteux.

Julie Renauld Millet, thérapeute familiale

julie.renauld.millet@gmail.com

« Encore un pipi dans ton pantalon et tu ne pourras plus aller à l’école »

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2 ans trois quart, voire 3 ans tout pile et ça y est! Mes parents me plongent dans le grand bain de la Maternelle. Alors c’est sûr, j’ai bien été passer quelques heures à la garderie ou à la crèche, mais la Maternelle c’est une toute autre histoire. En avant l’aventure, pour le meilleur et pour le pire!

 

Tout a commencé cet été. Maman m’a seriné pendant 2 mois : « Pour aller à l’école, il faut que tu fasses pipi dans le pot« , allez comprendre le lien, mais si maman le dit! Enfin, moi, comme je ne sais pas du tout ce que c’est que l’école et que ça me fait un peu peur, je décide de prendre mon temps. Je passe l’été les fesses à l’air, mais je ne fais pas toutes mes commissions dans le pot. J’en fais certaines sur le tapis du salon, d’autres derrière une porte – un peu de pudeur tout de même!

Au bout de 3 pipis, j’aurai le droit de rester à la maison!

Quand le jour de la rentrée arrive, maman est super stressée et papa me répète pour la 450è fois que l’école c’est vraiment GE-NIAL. C’est louche! Il faut que je fasse 2 fois pipi avant de partir pour être sûr de ne pas faire dans mon pantalon et bien sûr, quand maman me récupère le soir, l’aide maternelle a dû me changer des pieds à la tête. Et ça, j’ai bien compris que c’était LE truc que l’aide maternelle déteste le plus faire. Elle le dit à ma maman, à 16 heures, devant tout le monde. Et au prochain pipi, il paraît même que j’aurai le droit de rester à la maison! Je ne vais pas me gêner!!

A l’école, dès les premiers matins, je quitte maman sur le trottoir, on me demande de me mettre en rang en faisant le petit train, deux par deux à côté d’un enfant qui pleure, de monter un escalier immense, tout gris, avec une rampe toute collante, puis d’accrocher mon manteau à un porte-manteau (je n’en avais jamais vus avant), puis de mettre mon tablier en le posant par-terre devant moi avant de le jeter par dessus ma tête, puis d’enlever mes chaussures et de les mettre dans une case à mon nom (que je ne sais pas encore identifier), puis d’enfiler mes chaussons que je suis censé reconnaître, puis de rentrer dans la classe en silence, sans pleurer, pour aller m’asseoir en rond avec mes 28 autres camarades qui pleurent aussi fort que moi. Et après tout cela, la journée peut commencer… et elle promet d’être longue.

Maman ne viendra pas avant 16 heures

Je me retrouverai à devoir partager le jeu que je découvre, écouter la maîtresse, l’aide maternelle et tous les adultes inconnus qui m’adresseront la parole tout au long de la journée, aller faire pipi quand on me le demande, me taire, parler, chanter sans crier, ne pas demander ma maman puisqu’elle ne viendrait pas avant 16 heures, déjeuner avec des centaines d’autres enfants de la nourriture que je ne reconnaîtrai pas, aller jouer dans la cour alors que j’aurai envie de faire la sieste au chaud, ne pas demander ma maman, puisque de toute façon elle ne viendrait pas avant 16 heures (« je te l’ai déjà dit »). Et quand 16 heures arriverait enfin, je ne devrai surtout pas me jeter de soulagement dans les bras de ma maman, sans quoi la maîtresse me rattrapera par le col de la chemise pour me demander de lui dire au revoir en la regardant dans les yeux (véridique) pour m’apprendre les bonne manières. Ma maman me demandera tout sourire « alors c’était bien l’école? » et moi, comme je n’oserai pas la rendre triste, je lui répondrai « je ne sais pas« .

Arrivés à la maison, Maman attendra un peu avant d’aborder le sujet qui fâche : le pipi dans la culotte! Mais je sentirai bien que c’est son unique préoccupation. Je l’ai vu quand elle s’est recroquevillée comme une petite fille de 3 ans devant l’aide maternelle qui la menaçait du doigt. Maman me redira à quel point l’école est importante pour apprendre, lire, écrire, se faire des amis. Et que, sans école, pas de travail, sans travail, pas de maison, sans maison, pas de vacances. Et donc si je ne fais pas pipi dans les mini toilettes de l’école, et bien je serai tout simplement au chômage. Et à voir la tête de maman le chômage, ça a l’air grave.

Je parviendrai à me retenir toute la journée

Non je n’irai pas dans les mini toilettes. L’effet glacé sur mes fesses, l’odeur de pipi, et l’obligation de faire devant mes camarades… c’était au-dessus de mes forces! Mais je parviendrai à me retenir toute la journée. Alors bien sûr, parfois ça me fera vraiment mal au ventre, surtout le matin avant d’aller à l’école, ça me réveillera même la nuit et maman sera fatiguée de devoir à nouveau se relever et me recoucher. Mais ce sera la seule solution pour que maman, la maîtresse et l’aide maternelle ne se fâchent plus contre moi.

C’est à nous, enfants de 3 ans, de nous adapter

Jusqu’aux vacances de Noël, je pleurerai un peu tous les matins. J’entendrai ma maîtresse me dire « tu n’as pas envie d’aller à l’école? Et bien, mon pauvre, tu en a pris pour 18 ans! », ça me donnera envie de rentrer chez moi. Je verrai maman s’agiter, essayer d’organiser des cafés de parents, pour faire connaissance avec les familles avec lesquelles je passe mes journées. Un jour, je rentrerai de l’école en racontant à maman que la maîtresse a dit que « j’étais mauvais caractère« , et « une poupée de chiffon« . Je verrai bien que maman aura envie de crever les pneus de sa voiture. Au lieu de cela, elle m’expliquera que je « ne suis pas » mais que « j’ai » parfois mauvais caractère effectivement, mais parfois aussi très bon caractère et surtout que je suis un enfant de 3 ans. Puis elle prendra rendez-vous avec la maîtresse pour mieux comprendre ce que je vis. Et elle découvrira combien je suis en retard sur l’autonomie, puisque je ne sais pas encore boutonner mon tablier, ni ranger mes chaussures à leur place. Elle s’apercevra que j’ai beau parler comme un livre, être curieux de tout, j’ai tout de même un sérieux problème pour rester ainsi solitaire et passer rapidement à autre chose quand une activité me paraît trop compliquée. Maman comprendra que la petite section de Maternelle est, pour cette maîtresse, aussi importante que le passage à Sciences Po, et qu’elle ne va pas attendre que je daigne être prêt.

C’est à nous, enfants de 3 ans, de nous adapter au système scolaire, au cadre, à la société qui ne nous réservera pas que des cadeaux. S’il fallait observer 30 élèves et s’adapter au rythme de chacun, comprenez bien que nous y serions encore! C’est donc aux 30 élèves de rentrer dans ce cadre, au rythme attendu, qu’ils aient 2 ans trois quart, 3 ans, ou presque 4 – et à cet âge 6 mois comptent au moins le double. Ils doivent monter dans le train au moment où il passe, ni avant, ni après.

Le 2 septembre, on doit retenir : nos sphincters, l’endroit où accrocher notre manteau, poser nos chaussures, entrer dans la classe, la tête de celui à qui donner la main dans le rang, tout cela en disant « bonjour », « merci », « s’il vous plaît », un minimum! Sans oublier de jouer, chanter, retenir des comptines, ranger, manger, dormir, courir, ne pas taper, ni, mordre, ni crier, ni prendre les objets des mains d’un autre, même si c’est lui qu’a commencé et enfin… raconter ma journée à mes parents.

Après Noël, je ne pleurerai plus, j’ai bien vu que ça n’avait aucun effet sauf celui de faire monter les larmes de maman. Je continuerai à oser dire que je n’aime pas aller à l’école et ce, jusqu’au 30 juin.

Je mettrai 3 ans à comprendre que l’école ne me veut pas que du mal

En fait, je mettrai 3 ans à y aller avec plus de légèreté et à commencer à prendre du plaisir, quand enfin, en Grande Section, je rencontrerai une maîtresse qui prendra le temps, tous les matins, de discuter avec chacun et de prendre le pouls, mon pouls. D’ailleurs, avec elle, on découvrira le réveil du corps, les parents auront le droit de monter dans la classe parfois pour nous lire des histoires. Maman viendra même faire une activité avec tous les enfants de la classe et la maîtresse, pour nous aider à être plus calmes. J’aurai toujours mal au ventre, car je n’oserai toujours pas franchir les toilettes de l’école, mais le 30 juin, j’aurai le coeur serré de quitter ma maîtresse, pour la première fois.

Je mettrai 3 ans à comprendre que l’école ne me veut pas que du mal, que ce n’est pas qu’un lieu de souffrance mais qu’on peut s’y faire des amis et être aimés, par les grands et les petits. Je mettrai 3 ans à dépasser les premiers mois où je me suis senti tellement nul, tellement incompris, rejeté, jugé, décalé. 3 ans à dépasser le diplôme que la maîtresse de Petite Section m’avait décerné à la fin de l’année, celui de « l’espièglerie ». Sur le coup, je ne le compris pas, mais je vis bien que maman, qui fit tout pour que je l’oublie aussitot, le garda en travers de la gorge pendant 3 ans. Je crois que ça s’appelle la résilience.

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Parce que je refuse que les enfants de 3 ans puissent – comme mon fils – mettre 3 ans à s’épanouir à l’école, vivre l’école avec autant de souffrance comme me le témoignent beaucoup trop de mamans qui pensent, parce que c’est leur premier, que c’est à elles et à eux de s’adapter, qu’il est normal qu’on les menace de ne plus accepter leur enfant s’il fait trop pipi dans son pantalon, je veux accompagner parents ET enseignants à accueillir les enfants de 3 ans en Petite Section tels qu’ils sont, avec bienveillance et encouragement.

L’entrée à la Maternelle est une marche immense que tous les enfants doivent franchir, seuls, et on oublie trop souvent les montagnes russes d’émotions par lesquelles ils vont devoir passer pour s’adapter. Etre enseignant(e) de petite section n’est pas qu’un métier, c’est une mission d’accompagnement, et trop d’enseignant(e)s sont à mille lieux d’imaginer – ou oublient – ce qui se joue pour ces tout petits enfants d’à peine 3 ans. Tendons-leur la main pour monter ensemble cette première marche dont ils se souviendront longtemps.

Julie Renauld Millet, Thérapeute systémique, Accompagnement parents/enfants, mère de 2 enfants de 3 et 5 ans

 

Ça vous a fait quoi de lire « Peut mieux faire »?

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Qui n’a pas, au moins une fois dans sa vie, lu sur son bulletin scolaire « Peut mieux faire« . Ou entendu l’un de ses parents dire : « C’est pas mal, mais tu peux mieux faire« . Qu’avez-vous ressenti alors…?

« Peut mieux faire » est sans doute l’une des expressions les plus décourageantes et malheureusement les plus courantes que l’enfant rencontrera dans son parcours scolaire. Deux cas de figures se présentent :

 

1. L’enfant s’est surpassé, il a tout donné pour ce contrôle et à l’arrivée, le résultat attendu le déçoit, déçoit ses parents, son enseignant… Lui dire « tu aurais pu faire mieux« , ne fait qu’enfoncer le couteau dans la plaie. L’enfant a envie de se cacher, se faire tout petit, disparaître, ne plus tenter par peur de se tromper à nouveau.

2. L’enfant n’a pas beaucoup bossé, pas très motivé, le résultat est donc moyen. Lui dire « tu aurais pu faire mieux« , n’est pas une découverte pour lui, en revanche comment lui donner envie de faire mieux…?

  • Comment donner à l’enfant l’envie de faire mieux?

Il s’agit de faire un peu de gymnastique afin de trouver des tournures de phrases plus encourageantes et surtout moins culpabilisantes. Car la culpabilité, au mieux victimise, au pire paralyse. L’encouragement prend racine sur la notion de progrès.

« Quelle note avais-tu obtenu la dernière fois? », « Que te manque-t-il pour y arriver? », « Qu’est-ce qui s’est passé pour que ta note soit moins bonne cette fois? », « Ce devoir était-il difficile? », « Qu’est-ce qui était difficile pour toi? », « Qu’est-ce qui pourrait t’aider? », « Voilà tout ce que tu as réussi à faire. Et voici ce que tu n’as pas encore réussi à faire », « Je vois que tu as bien progressé, en passant de 6 à 8, tu vas y arriver », « Tu as fait beaucoup d’efforts », « Plus on s’entraîne, mieux on y arrive »…

Quelle marche as-tu envie d’atteindre la prochaine fois?

Il ne s’agit pas de féliciter son enfant d’une note moyenne, ni de souligner que l’important c’est d’être heureux dans la vie. L’enfant a besoin d’être encouragé pour se dépasser. Sortir de la compétition avec les autres, comparer ses notes, pour entrer en compétition avec lui-même. Et il ne peut construire sa motivation endogène qu’en étant encouragé. Le féliciter, lui dire « je suis fier de toi« , crée la dépendance au regard de l’autre. Toute sa vie, l’enfant – puis l’adulte – attendra le bon point, l’image, l’admiration de son parent, de son enseignant, puis de sa femme, de son patron, etc. En revanche, l’amener à tourner son regard vers lui-même « qu’en penses-tu? », « comment trouves-tu ton dessin? », « je te fais confiance pour trouver la solution toi-même », « tu peux être fier de toi« … sont des piliers pour construire la confiance et l’estime de soi, pour la vie.

Julie Renauld Millet, thérapeute systémique pour enfants

 

 

Apprenons à dire oui!

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Une mamy dit un jour à sa petite fille de 18 mois, en pleine phase d’opposition :

« Alors toi au moins tu sais dire non! Ce n’est pas comme ta mère! »

La perception de cette mamy était que sa fille ne savait pas dire non à sa propre fille. Et si, au fond, cette maman avait fait le choix de dire « oui »…?

La vie d’un enfant, dès lors qu’il commence à crapahuter est ponctuée de « non ».

« Non te touche pas la prise« , « non ne porte pas cela à ta bouche« , « non ne touche pas c’est chaud« . Les limites autour de la sécurité, du danger, sont les premières que les parents installent. Puis viennent celles du respect des autres, du cadre, de soi, des horaires, des contraintes multiples et régulières que nous apporte la vie.

  • Doté de ce film de protection, l’enfant était autorisé à découvrir le monde

L’enfant entend ce « non » dès son plus jeune âge, que nous soyons laxistes ou prévenants, autoritaires ou bienveillants, ou les quatre à la fois. Et le « oui »…? Dans quelle mesure le prononçons-nous? C’est la question que s’est très tôt posée cette maman quand ses enfants ont commencé à grandir. A quel moment je prononce « oui », un « oui » de liberté, d’autorisation. Le « oui » qui permet d’escalader, d’ouvrir un tiroir pour voir ce qu’il y a dedans, de se servir de l’eau avec une bouteille bien remplie, d’apporter des verres qui cassent à table, de grimper aux arbres, de retourner les pommes de terre dans la poêle… Cette maman avait dessiné son cadre de sécurité et les limites que nous venons de citer. Expliqué à son enfant quels étaient les dangers, les risques. Et doté de ce film de protection, son enfant était autorisé à découvrir le monde, à expérimenter, à grimper plus haut, à se tromper même parfois, à réparer donc, à éponger, aspirer, ramasser…

Non seulement cette maman savait dire « non », mais elle savait aussi dire « oui ».

  • A quel point projetons-nous nos craintes?

Dire « non », est somme toute très naturel et instinctif, surtout avec un enfant qui n’a qu’une envie, celle de conquérir le monde. Mais à quel point projetons-nous sur lui nos propres craintes? Quel danger court-il finalement? Quel risque je prends à lui laisser la bouteille pour qu’il se serve…? Mes croyances ne sont-elles pas limitantes?

Dire « oui » n’est pas si facile. Or bien souvent ce « oui » nous fait gagner tellement de temps. En pleine nuit, ma fille de 3 ans, avec 40 de fièvre me dit « j’ai faim« . Je commence par lui dire « non ce n’est pas l’heure, c’est la nuit, tu ne vas pas manger à cette heure-ci« . Elle répète plus fort et commence à s’énerver « j’ai faim« . Je décide alors de lui répondre « Ho oui tu as faim!« . Et… elle se tait!

Que s’est-il passé? J’ai validé son besoin, je l’ai écoutée, j’ai cessé de justifier, d’expliquer… Elle, ce qu’elle voulait, c’était être entendue, comprise et finalement, cela l’a rassasiée…!

Dire « oui » ne veut pas dire tout autoriser et transformer notre enfant en tyran. Mais le « oui » est souvent bien plus efficace que l’engrenage de la lutte de pouvoir.

« Maman, tu m’achètes un journal? »

« Non chéri, je t’en ai déjà acheté un hier »

« Mais MAMAAAAAN, je VEUX un journal, je VEUX un journal, il est trop bien celui-là, je ne l’ai pas. S’il te plaîîîîîîît!!!!!!!!! »

« Ha oui, il a l’air super bien ce journal et tu le veux vraiment! De quoi aurais-tu envie d’autre…? Moi j’ai envie d’une glace! J’ai hâte qu’il fasse beau et chaud pour qu’on s’offre une glace tous les deux. »

Fin de la négociation. L’enfant est entendu, compris. Sa maman partage son émotion et fabrique une envie commune qui peut se transformer en bon moment à vivre ensemble plus tard. L’enfant et la maman sont gagnants.

Apprendre à dire « oui », est une bonne gymnastique. Au-delà d’ouvrir le champs des possibles, c’est souvent un bon moyen d’arriver à nos fins respectives. Le « oui » a tout autant d’impact s’il est suivi de « oui demain« , « oui 5 minutes« , « oui dans 5 minutes« , « oui, bonne idée pour ton anniversaire« . Bien plus d’impact que « non! Tu vois bien que j’ai les mains pleines« , « Non je suis trop fatiguée« , « Non tu es déjà beaucoup trop gâté« … ça se tente!

Julie Renauld Millet, thérapeute systémique. Accompagnement Parents Enfants

 

La Discipline Positive est-elle source de burn-out?

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A force de plancher sur l’éducation de nos enfants, de lire des ouvrages dédiés, de participer à des ateliers, d’échanger, de disséquer, de comprendre et d’apprendre, ne glissons-nous pas petit à petit vers le burn out du parent pris dans la course folle de l’éducation parfaite…?

C’est en tout cas ce que peuvent relayer certains média ou spécialistes dénonçant, à raison, la quête impossible du parent parfait. Car qui dit positif, sous entend, un parent souriant en toute circonstance, ayant réponse à tout. Dans un supermarché, dans la salle d’attente du médecin, face à la directrice du collège, un parent qui aurait toutes les cartes en main, tous les outils nécessaires pour ne jamais flancher, ni rester coi. Face à son « enfant crise de nerfs » à 18 heures, lui répondrait « mais oui mon chéri, exprime ta colère, crie sur maman, casse tes jouets, je suis là pour tout entendre, c’est mon rôle de parent tout dévoué« .

  • Entre Fermeté et Bienveillance, le mot le plus important est le mot « et »

Or la Discipline Positive ne propose pas une approche positive en toute circonstance qui nierait les moments où le parent flanche, celui où nous n’avons qu’une envie, c’est de le mettre sous une douche froide pour qu’il s’arrête. La Discipline Positive comme le proposent Jane Nelsen et Lynn Lott repose sur ces 3 mots-clefs : encouragement, fermeté et bienveillance. La fermeté a toute sa place, celle du cadre, du respect du monde des parents qui fait écho au respect du monde des enfants grâce à la bienveillance. Et comme le dit Jane Nelsen, entre Fermeté et Bienveillance, le mot le plus important est le « et ».

Donc oui les parents qui font le choix d’utiliser les outils de Discipline Positive sont imparfaits, souriants parfois et en colère aussi, ils ont le droit de crier, de s’excuser aussi, ils ont le droit de ne pas savoir, de demander de l’aide, y compris à leur enfant. Ils sont aussi imparfaits que leurs enfants et c’est important de le leur montrer car les « erreurs sont de merveilleuses opportunités d’apprentissage« , c’est un message aussi important pour les parents que pour leurs enfants.

Le parent qui cherche à se contenir, à sourire coûte que coûte, à faire bonne figure, à résister… risque effectivement de s’épuiser à force de nager à contre courant. Parmi les principaux et premiers outils proposés par la Discipline Positive, on retrouve le vase et le temps de pause. Le parent apprend à prendre soin de lui pour pouvoir prendre soin des autres et à se retirer d’une situation tendue pour respirer et reprendre de l’énergie avant de repartir l’affronter.

  • Il ne s’agit pas de bien faire mais de faire avec

La Discipline Positive n’est donc pas uniquement positive ni uniquement bienveillante, elle offre dans un premier temps une lecture des comportements inappropriés de nos enfants. Il ne s’agit pas de « bien faire », mais de « faire avec », et pour faire avec, le décodage de leurs comportements peut aider. Il s’agit également de faire selon nos propres valeurs, qui ne sont ni celles de nos parents, ni celles de nos voisins, ni celles d’Instagram. Ce sont les nôtres, avec tout ce que nous avons envie de transmettre et d’apprendre à nos enfants et avec tout ce qu’ils sont prêts à recevoir et développer selon leur sensibilité propre à chacun.

Nous proposons et vous disposez, sans modèle ni monde idéal, des indices et des outils pour construire la famille qui vous ressemble.

Julie Renauld Millet, thérapeute systémique. Accompagnement Parents Enfants

 

Papa où t’es?

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Maman cool et papa gronde, c’est fini! 

J’entends ça et là des mamans regretter de ne pas assister – en couple – aux ateliers que j’organise car : « mon mari n’a pas le temps« , « il dit que les enfants n’ont qu’à obéir« , « c’est aux adultes de décider« , « il y a un moment où il faut être ferme et c’est tout« .

On est d’accord! Nous aussi nous voudrions que ça roule, ça avance, qu’ils « obéissent et pis c’est tout« . D’ailleurs, dans les familles où les règles et le système fonctionnent, la question ne se pose pas. Celle-ci se pose lorsque les parents rencontrent trop de difficultés, lorsque les règles mises en place n’obtiennent pas – ou plus – les résultats escomptés. Lorsque les règles sont remplacées par les cris, les punitions, les fessées… et que nous ne sommes pas heureux de cela.

Et lorsque le quotidien devient usant, que le volume sonore est au plus haut et que le taux d’agacement, de colère et d’excitation franchit la ligne rouge, côté parents comme côté enfants. On se pose la question lorsque le lundi matin, l’arrivée au bureau est une libération!

Et là, ce n’est plus une question de papa ou de maman, de sévère ou pas sévère, de sévir ou ne pas sévir…

Elever des enfants n’est pas facile, je ne vous apprends rien, mais cela fait du bien de l’entendre. Des difficultés il y en a, il y en aura. Selon la personnalité de l’enfant, la nôtre, notre histoire, et tout son écosystème.

Mais il existe des solutions, des outils qui fonctionnent. Une manière d’appréhender les situations, de regarder son enfant et de mieux le comprendre. Et surtout d’être en ligne avec ses propres valeurs. Pas celles du voisin, du copain de forum ou de sa belle-soeur. Nos propres valeurs, les miennes et celles de ma moitié avec qui j’ai décidé de mettre au monde un ou plusieurs enfant(s).

  • La Discipline Positive ce n’est pas Maman bienveillante et Papa ferme (ni l’inverse)

C’est la fermeté et la bienveillance ensemble, saupoudré d’encouragements à mieux faire, à apprendre de ses erreurs, à ne pas rester sur un échec. Selon le Docteur en psychologie Jane Nelsen, le mot le plus important entre Bienveillance et Fermeté c’est le mot « et ».

Apprendre à être parent ou à (re)devenir le parent que nous souhaitons être, cela demande du temps et de l’envie, mais cela s’adresse autant aux papas qu’aux mamans. Les mamans n’ont parfois pas plus de temps matériel à consacrer à cet apprentissage que les papas, mais ce temps est un excellent investissement à long terme, et elles le savent.

Consacrer 7 soirées de 2 heures, soient 14 heures de formation, c’est un temps précieux pour construire une famille, une harmonie, des valeurs, à deux. C’est se mettre au diapason en vivant des expériences, en se mettant dans la peau de nos enfants pour les comprendre quand ils se roulent par terre, hurlent dès 6 heures du matin ou demandent encore une glace à la fin d’une journée au parc d’attractions.

  • Les ateliers permettent un cheminement ensemble

Nos entreprises nous offrent des séminaires, des formations, sur des sujets divers, parfois liés à notre développement personnel, mais qui nous apprend à élever nos enfants…? Les papas sont toujours plus concernés et investis, ceux qui viennent déjà aux ateliers ont une vraie attente et une soif de comprendre et d’avancer. C’est très encourageant et c’est tellement plus facile de parler le même langage

Julie Renauld Millet, Thérapeute systémique, Coach Parents Enfant

 

Yet and not yet…

De l’importance des mots et leur impact sur l’enfant. Dire à l’enfant « non acquis », est très différent de « pas encore acquis ». Dans le premier cas, l’enfant est nulle part, il n’appartient pas, il peut se sentir idiot, ou pas assez intelligent. Dans le deuxième cas, l’enfant sait qu’il s’agit d’étapes, de chemin, de progression. Il est motivé et stimulé pour gravir la marche suivante. Voyez plutôt la vidéo de la chercheuse Carol Dweck, citée dans l’un de mes articles sur l’encouragement.

Yet and not yet

Mon vélo rouge dans Paris

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Voici mon vélo rouge, il est allemand et j’ai pris le pari de me lancer dans Paris – environnement peu habitué aux vélos – pour accompagner mes enfants à l’école. Un pari mais un risque aussi, pour mes enfants bien sûr, qui ne sont pas aussi bien protégés que dans un 4X4.

Cela fait partie des valeurs et habitudes de vie que je veux leur transmettre : rester tonique, être à l’air libre (même pollué), partager, voir le paysage, s’adapter aux conditions météo, etc. En acceptant le revers de la médaille et en essayant de l’anticiper au maximum.

  • Changer le regard des plus pressés, des moins patients

Me voilà lancée dans la circulation parisienne. Alors soit je m’impose, avec klaxon, gilet jaune et haussement de ton – ce que j’ai commencé à faire, soit je me lance le défi de changer le regard des plus défiants, des plus agressifs, des plus pressés, des moins patients… Et pour être raccord avec la Discipline Positive, je vais faire les deux! Etre ferme quand nous serons en danger et bienveillante pour m’adapter aux plus rétifs et surtout garder le sourire car c’est aussi pour cela que j’ai choisi ce véhicule doux et convivial!

L’école de mes 2 enfants était de moins en moins accessible en voiture. Rien de direct en transports en commun. J’ai testé le siège porte-bagage pour Louise et Gaspard pédalant à côté. Mais le matin, lorsque le jour est à peine levé, Gaspard (5 ans dans 3 semaines) n’avait pas forcément l’énergie pour pédaler au milieu des piétons. En voiture, il nous fallait 30 minutes avec le risque de se faire enlever la voiture à l’arrivée, car aucune place pour stationner (or des enfants de 3 et 5 ans ne se jettent pas sur le bord de la route)… Alors, alors… j’ai regardé du côté de l’Allemagne et de ses vélo électriques bi-porteurs et tri-porteurs. J’ai trouvé les modèles avenue de Versailles chez Les cyclistes branchés.

J’ai opté pour un bi-porteur (deux roues) qui m’a semblé bien plus maniable qu’un tri-porteur (trois roues), mais c’est ma conduite subjective qui m’a guidée et les précieux conseils du responsable de la boutique.

Il s’appelle E-cargo, il est électrique, il a transformé nos trajets, nous ne mettons plus que 10 minutes, quoiqu’il se passe autour de nous. Je pédale, donc ça reste un moyen de transport tonique qui me permet de faire un peu de sport chaque jour. Les enfants sont ravis dans leur cabine couverte par temps de pluie et découverte quand il fait beau. Plus de stress des bouchons, ni du stationnement (quoique le responsable de l’immeuble de l’école n’est pas très fan de me voir arriver avec mon engin, mais il va s’habituer).

  • Faites-leur une petite place!

J’ai bon espoir de faire des adeptes, c’est un très gros investissement mais il remplace ma voiture et transporte 3 personnes. Et j’ai besoin de vous pour en parler autour de vous. Si vous ou vos amis croisez un vélo rouge (ou bleu, ou vert)… faites-leur une petite place! Il y a très peu de pistes cyclables (quand elles ne sont pas recouvertes de feuilles glissantes et de marrons), ces pistes s’arrêtent ou démarrent au milieu des carrefours qu’il nous faut traverser. Si nous nous retrouvons parfois sur les trottoirs, c’est peut-être que nous avons préféré cela à prendre la place du Troca avec 2 enfants… Si nous traversons le passage piétons, vous avez le droit de nous laisser passer, c’est peut-être pour aller attraper la piste cyclable! Paris n’est pas faite du tout pour les cyclistes, et je ne prône pas la ville sans voiture car je m’en sers aussi.

C’est ma responsabilité, mon engagement, mon problème, « je n’avais pas qu’à… », « j’avais qu’à faire comme tout le monde ». Oui mais voilà, je suis la 3è de ma fratrie (ceux qui ont suivi mes ateliers savent ce que cela signifie et ma famille aussi!!!), j’ai envie d’apporter un peu de mon pays natal (la Belgique) à Paris et j’ai confiance dans la société et ses nombreuses mutations! J’assume! Mais sans choisir l’un ou l’autre, je suis sûre que nous pouvons mieux cohabiter!

A bientôt sur la route!

Julie