Cette boule dans la gorge

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Elle part du ventre, puis elle remonte le long de l’oesophage. Elle coupe la respiration, la salive. On a envie de l’expulser, alors les larmes montent et ça tire dans le cou. Je suis au milieu de la circulation avec mon bi-porteur. Si je pleure, je ne verrai plus rien. Alors je déglutis, je respire et j’avance.

C’est formidable de créer du lien avec ses enfants. Cette corde de tendresse et d’amour absolu qui nous tient bien serrés les uns contre les autres. Mais c’est une toute autre histoire de détendre l’élastique pour laisser nos amours franchir le portail puis la cour de l’école. Mon Dieu qu’il est difficile de voir partir mes enfants ce matin, chacun dans une nouvelle école. Tous mes souvenirs remontent. Ma première fois à l’école maternelle belge, ma première fois en CE2 au Maroc, ma première fois au collège, puis l’arrivée à Alger en 5è, puis l’évacuation vers Neuilly pour finir l’année, mon retour à Bruxelles, mon arrivée à Paris pour mes études. Bref toutes ces nouvelles écoles où il faut combattre sa timidité, prendre sur soi, aller vers les autres. On se sent seuls au monde, tout petits entourés de bâtiments qui font 100 mètres de hauteur. Vers qui aller? Qui va me sourire? Qui va me parler? Qu’est-ce que je vais faire si je suis perdue? Est-ce que je n’ai pas oublié des affaires? Comment s’appelle ma maîtresse? Qu’est-ce que je fais si personne ne me parle de la journée? Que faire si cela dure 2 mois hormis pleurer tous le soirs comme je l’ai vécu à Alger?

Ce matin, devant le portail de l’école, je vois mon petit bonhomme de 5 ans et demi se décomposer, me dire qu’il est trop fatigué pour aller à l’école, ses larmes le submerger. Autour de nous tout le monde se connaît, les mères sont enthousiastes de se retrouver. Elles discutent, s’installent au café d’en face. Quelles joie et bonne humeur autour de nous qui sommes… seuls au monde, d’une tristesse infinie, entourés de ces bâtiments qui font 100 mètres de haut.

Il y a surement d’autres nouveaux élèves dans cette école, mon fils n’est certainement pas le seul. Ce serait tellement formidable que les nouveaux soient entourés les premiers jours, guidés, accompagnés, accueillis. Il suffit de quelques jours, et très vite ils ne seront plus nouveaux. Mais ces quelques jours sont tellement cruciaux et douloureux.

Oui c’est sûr, il y a pire souffrance, pire douleur. Oui mais ce sentiment-là a creusé son sillon pour être encore aussi envahissant 30 ans plus tard!

Alors sans doute y a t-il des enfants qui foncent en courant à l’école, nouvelle ou pas. Des enfants qu’on fait descendre de la voiture et à qui on fait un coucou de la main. Des mamans qui partent le nez au vent. Et à cet instant bien sûr je les envie un peu.

Ma fille aussi est dans une nouvelle école, mais elle, je la sens plus tenace, plus enthousiaste. Je l’accompagne avec autant de tendresse et la rassure au maximum mais je sais que cela va bien se passer pour elle.

Gaspard, lui, c’est mon clone. Je le réalise chaque jour un peu plus quand je le regarde et l’écoute. Comme moi il ne remplit aucun de ses pantalons, et pour cause, il n’a jamais une faim de loup. Une sensibilité à fleur de peau. Cette nuit je n’ai pas dormi, il est venu dans mon lit à 5H45. Et ce matin je lui dis « laisses tes lèvres tranquilles, elles sont toutes abîmées« , et à peine prononcé cette phrase je me réalise que je suis en train de pincer mes lèvres aussi forts que je serre sa main!

Cette boule dans la gorge c’est toute l’énergie de solitude, de tristesse et d’anxiété que j’ai absorbée ce matin, qui est passée de lui à moi, de moi à lui. Tout est remonté. Tout redescendra surement. Il sera enthousiaste quand j’irai le chercher et demain matin, je devrai sans doute remettre de l’énergie pour lui donner le courage d’affronter les premières marches.

Le lien crée aussi de la souffrance, c’est le revers de la médaille malheureusement!

J’espère de tout mon coeur qu’un jour, dans toutes les écoles, on accueillera les nouveaux élèves, ils seront parrainés, ils auront un ou deux guides, on leur tendra la main. Je suis certaine que dans toutes les écoles, il y a des enfants qui seraient ravis d’endosser ce rôle. Il suffirait que le directeur ou la directrice se souvienne de ces premiers moments dans la cour ou comprennent à quel point cela peut être difficile pour certains. Et non ça ne forge pas le caractère, ça n’endurcit pas, ça ne permet pas de devenir meilleur. Je suis convaincue que si je m’étais sentie un peu plus accueillie lors de toutes ces premières fois, ce serait moins douloureux de le revivre en écho à 37 ans… J’encourage beaucoup mes enfants à sourire aux nouveaux quand ils n’occupent pas cette place, à aider les plus petits. A tel point que ma fille hier m’a dit « mais maman, la maîtresse va me gronder si c’est moi qui dit à Victor ce qu’il doit faire » quand je l’invitais à aider un petit qui pleurait. Chacun sa place, certes, mais nos enfants gagneront beaucoup à créer du lien entre eux, même si parfois, c’est un peu coûteux.

Julie Renauld Millet, thérapeute familiale

julie.renauld.millet@gmail.com

La peur ne s’éteint pas par la raison

IMG_0272Louise a 3 ans et j’ai réussi à ne pas lui transmettre ma peur des chevaux. Elle y va, sans aucune appréhension, le cheval est son amie, comme sa chienne, elle ne voit pas de différence ni de potentiel danger lié au poids de la bête, par exemple! Je suis admirative et réalise à quel point la peur se glisse dans les failles aussi petites soient-elles et que cela n’a rien à voir avec la taille, le volume, le poids… Si Louise n’a pas peur des araignées par exemple, beaucoup de gens en ont peur même si tous savent qu’ils peuvent les écraser avec un seul de leurs dix doigts…

« Tu n’as pas de raison d’avoir peur, il n’y a rien! »

C’est vrai qu’il n’y a parfois pas de raison valable, mais la peur est une émotion, donc, par essence, elle est incontrôlable. Et il n’y a pas « rien », il y a des tas de projections dans ma tête, des bruits que je surestime, des ombres que je perçois, des angoisses dans mon coeur…

N’aie pas peur!

Mais crois-tu vraiment que je contrôle quoique ce soit là-haut…? ne crois-tu pas que moi aussi j’aimerais bien me passer de cette peur??

Si la peur est une émotion utile pour nous préserver, nous protéger de manière ancestrale, elle n’en est pas moins inconfortable, désagréable, voire invalidante parfois. Et si l’entourage peut nous aider, les parents peuvent rassurer, c’est certainement pas en évitant cette peur, ou en tentant de l’étouffer voire de la nier. Elle est là, bien présente, et nous allons ensemble l’apprivoiser.

J’ai peur!

Je comprends que tu as peur, de quoi as-tu peur? ça ressemble à quoi? Qu’est-ce que tu entends ou vois et que pourrions-nous faire pour que la peur s’éloigne…?

Si l’enfant (ou l’adulte) a déployé beaucoup d’énergie à essayer de ne plus avoir peur, alors la solution est de laisser venir cette peur, et de s’armer pour la combattre à l’aide d’une feuille et d’un crayon pour la décrire, la dessiner, à chaque fois qu’elle pointe le bout de son nez. Pendant que l’enfant sera concentré sur sa feuille, il se défocalisera de l’émotion pour l’analyser et mieux s’en éloigner. Pour les enfants, on peut aussi l’inviter à fabriquer une boîte à monstres, à fantômes, qu’il peint lui-même et ensemble, y enfermer les peurs, tous les soirs s’il le faut. Avec de l’humour, tout en prenant au sérieux l’enfant.

Les monstres et fantômes que nous avons attrapés sous ton lit, nous allons les libérer par la fenêtre et ils iront mordre les fesses des passants…!!

L’important est de prendre au sérieux l’enfant sans pour autant amplifier son angoisse, écouter, discuter puis co-construire des solutions avec lui.

Julie Renauld Millet, coach parental et thérapeute systémique

 

Mon enfant est différent (2)

Dyslexie, dyspraxie, dysphasie, disorthographie… même mon correcteur d’orthographe automatique n’en veut pas! Il pourrait se mettre à la page!

Est-ce une nouvelle mode…? On voit des « dys » partout…! Oui… peut-être… tant mieux… Nous sommes à même aujourd’hui de déceler les dysfonctionnements des enfants, ce qui les empêche d’avancer au bon rythme, ou d’avancer tout court. Et c’est une TRES BONNE NOUVELLE. C’est un PROGRES considérable qui va nous permettre de développer les bons outils et apporter des solutions à ces enfants en souffrance.

 » Oui mais avant, c’est tout juste si on connaissait la dyslexie, et on s’en remettait! Moi j’ai appris à lire avec la méthode globale et j’ai un boulot dans une grosse boîte, donc tout va bien ».

Avant… avant… on mourrait en couche, puis on accouchait sans péridurale et on en mourait pas, puis on fumait enceinte, avant on buvait enceinte… et on en mourait pas (tous).

C’est stupéfiant comme, pour certains, le progrès semble être une menace, ou uniquement là pour nous faire culpabiliser. Réjouissons-nous du progrès et des méthodes nouvelles, efficaces, aidantes qui nous permettent de nous adapter à la société actuelle, aux attentes des enfants et à nos ambitions de parents.

Le progrès, les « neurosciences », ce ne sont pas des gros mots, c’est là pour nous aider! Et ceux qui n’en ont pas besoin et qui ne rencontrent aucune difficulté suffisante pour chercher ailleurs qu’avant, peuvent effectivement ne pas perdre de temps à essayer autre chose.

Voici quelques précisions – non exhaustives – pour y voir plus clair et comprendre ce que signifie :

  • La dyslexie : trouble attentionné de la compréhension, de la concentration.

Elle touche les fonctions exécutives du cerveau et engendre une difficulté à faire la différence entre les mots, les lettres, graphiquement.

Parce que la dyslexie est multi-factorielles, il existe différents outils, complémentaires, pour avancer :

  • L’orthophonie : phonologie, amélioration de l’attention, motricité globale et fine, Ecriture et orthographe, etc.
  • La psychothérapie
  • Les activités extra scolaires
  • L’alimentation

 

  • La Dyspraxie : trouble de la coordination des gestes fins (lacets, couverts, stylo…)

C’est essayer d’écrire en tenant son stylo avec un gant de boxe.

Les outils et solutions :

  • La psychomotricité et l’ergothérapeute
  • Les outils matériels pour compenser
  • La psychothérapie
  • Les activités extra scolaires

 

  • Le TDA – H : Trouble du Déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité

ATTENTION : Un TDA-H peut être très calme, en apparence, mais c’est la tempête dans sa tête! C’est un problème de neurotransmetteurs.

Les zones du cerveau concernées sont celles de : l’impulsivité, la mémoire de travail et la méthodologie

Les difficultés :

  • La conduite
  • Lire un livre (car on part dans ses pensées)
  • On oublie ses affaires
  • On coupe la parole de peut d’oublier ce qu’on veut dire
  • Mauvaise gestion des émotions

Les outils :

  • La méditation
  • L’hyper organisation
  • Les moyens mémo techniques
  • Le sport
  • Les massages
  • La musique…

Les troubles ne disparaissent pas forcément, mais on apprend à les gérer avec le temps.

Lire la BD de Lynda.

  • La dysphasie : trouble structurel de l’apprentissage du langage oral (après 5 ans)

L’enfant a des difficultés à s’exprimer

  • Le Trouble du spectre autistique

Dont les causes sont multi factorielles.

Entraîne :

  • Une altération de la communication
  • Une altération qualitative des interactions sociales réciproques
  • Des intérêts restreints et des comportements répétitifs et stéréotypés
  • Le fait de ne pas voir les signaux que l’interlocuteur envoie
  • L’incapacité à comprendre l’intention derrière l’action

Ces nombreux troubles dont nous découvrons chaque jour un peu mieux les causes, les conséquences et les solutions pour vivre avec, ont de très lourdes conséquences sur la vie de la famille.

Lynda, maman de deux enfants souffrant de TDA-H et elle-même portant ce trouble, témoigne que la Discipline Positive lui a permis de sortir de cette spirale infernale. Car, grâce aux outils que notre méthode propose, elle a pu se mettre à la place de ses enfants, comprendre ce qu’ils ressentaient. Ses enfants ont vu leur mère les écouter et les comprendre et leur proposer des solutions conjointes, co-construites. Comme c’est le cas dans toutes nos recherches de solutions.

Remercions ces enfants différents de nous apprendre chaque jour de nouvelles choses, soyons bienveillants avec nous-mêmes car vivre avec un enfant différent est un chemin, semé d’embûches. Demandons-leur « et toi, comment voudrais-tu que cela se passe? », pour installer ensemble les routines du matin, du soir, des devoirs, des week end…

Ecoutons leurs différences et parfois leurs obsessions ou fixations, en leur disant : « je te rejoins et je comprends ce que tu m’expliques et c’est mon job de parent de t’aider à dépasser cela pour te permettre de vivre ta vie« . Mais la phrase sans son début n’aura aucune chance d’être entendue…

 

 

 

 

 

 

 

HELP! J’ai besoin d’aide!

IMG_9287Vous avez laissé les enfants vivre à leur rythme et vous vous demandez comment sortir de l’anarchie dans la maison? Voici quelques astuces et interprétations inspirées de la discipline positive pour vous aider à décrypter ce qui déraille et chercher une réaction accessible et efficace.

ATTENTION : il n’y a pas de recette miracle, juste un pas de recul pour comprendre comment fonctionne l’enfant et comment s’adapter quand on est désemparé.

IL NE VEUT PAS SE COUCHER !

  • Son sujet :

« J’ai peur de rester seul, même si maman n’est pas loin »

  • Votre sujet :

« J’ai tellement envie de dîner tranquillement avec mon mari ! »

  • Chacun y trouve son compte si : vous dessinez sur une ardoise 2 grands vases. Le 1er sera rempli des vilaines choses de la journée, l’autre des jolies choses. L’enfant choisit lui-même les couleurs que porteront chacun des vases. Il dessine lui-même ou la maman dessine/écrit selon l’âge et l’humeur.

 

  • La clef : se libérer des éventuelles tensions de la journée pour s’endormir paisiblement ! Reconnecter l’enfant à ses besoins (et comprendre pourquoi cela fait 10 fois qu’il vous rappelle)

 

IL NE MANGE RIEN RIEN !

  • Son sujet :

« Maman a l’air de mettre tellement d’énergie à me faire manger. Toute cette énergie… je prends ! »

  • Votre sujet :

« Je mets tellement d’énergie à le faire manger, en vain, je suis épuisée, moi même je n’ai plus faim ! »

  • Chacun y trouve son compte si : vous lâchez ! Nous les mamans, on a beaucoup de mal à lâcher sur ce sujet si délicat de la nourriture !! Se mettre à table avec lui et lui proposer des plats pour qu’il se serve selon sa faim et ses envies.

 

  • La clef : refaire du repas un moment convivial, déchargé d’émotions, où la nourriture n’est pas un sujet, mais parler de ce qu’on a très envie de faire ce week end… Nous sommes modèles de nos enfants, si on se nourrit apaisés, il y a des chances pour que l’enfant le fasse aussi.

 

IL EST ACCROC AUX ÉCRANS

  • Son sujet :

« Je pourrais me gaver de dessins animés toute la journée, ça excite mon cerveau tout en m’abrutissant »

  • Votre sujet :

« Mon enfant est léthargique et excité, je récupère une bombe à retardement si je le laisse plus longtemps »

 

  • Chacun y trouve son compte si : les écrans sont SECURISES (il ne peut tomber QUE sur des dessins- animés comme sur You Tube kids) et si vous anticipez et établissez – ensemble – un contrat : combien d’épisodes te semblent raisonnables ? 3 ? OK. Faire respecter le contrat pour renouveler l’autorisation

 

  • La clef : co-construire et valoriser son engagement et le respect du cadre

 

JE NE PEUX PAS PASSER UN SEUL COUP DE TÉLÉPHONE

  • Son sujet :

« Je veux ma maman pour moi tout seul »

  • Le vôtre :

« Je veux 10 minutes de paix pour moi toute seule ! »

 

  • Chacun y trouve son compte si : vous Anticipez, si vous pouvez ! « Pose ta main sur mon poignet pour que je me souvienne que tu veux me parler et dès que j’ai fini, ce sera à toi ». Ou lui indiquer sur une montre « Quand la grande aiguille sera sur le 10, je viendrai jouer avec toi, promis ». Ou encore lui confier une « mission » : « Est-ce que tu peux me sortir les légumes pour qu’on prépare ensemble le dîner de ce soir ? »
  • La clef : il a besoin de se sentir exister, important et contributeur… H24

 

IL FAIT DES CRISES AU SUPERMARCHÉ

  • Son sujet :

« Mais c’est Noël ici !! il y a encore plus de cadeaux que sous le sapin ! »

 

  • Votre sujet :

« Maman n’est pas le Père Noël et sa hotte est très limitée ! »

  • Chacun y trouve son compte si : encore une fois, vous anticipez.

« Nous allons au supermarché, je suis d’accord pour t’offrir 1 journal/livre/sachet de bonbons… tu as le droit de les regarder TOUS et prend le temps de choisir ton PREFERE »

  • La clef : certains psy disent qu’il est cruel de confronter un enfant à autant de sollicitations en lui refusant tout, et de lui demander de se tenir correctement et de dire « d’accord maman, je ne réclamerai rien ». Ses neurones ne sont pas encore câblés pour qu’il accepte à ce point la frustration !  La frustration oui, mais en lui accordant 1 seule petite chose pour mieux la gérer. Ou le laisser à la maison (sous surveillance) !

 

 IL NE VEUT PAS S’HABILLER !

  • Son sujet :

« On me réveille, on me presse, j’ai froid, je suis fatigué, j’ai faim, je veux un câlin… comment ça il faut lever les bras pour mettre mon t-shirt ??? »

  • Votre sujet :

« On va être en retard à l’école/la crèche/chez Papy et Mamy »

  • Chacun y trouve son compte si : on a préparé les habits la veille, c’est lui qui s’habille seul comme un grand, c’est lui qui choisit (choix limité : le bleu ou le rouge), c’est à son rythme (à nous de le réveiller plus tôt s’il lui faut plus de temps). Faire la course avec papa peut fonctionner parfois (entre frère/sœur, ça peut créer de la compétition, à utiliser avec modération !)

 

  • La clef : Alléger le niveau de stress déjà bien haut (le réveil, l’école, rien oublier pour la journée, la cantine, les copains, la maîtresse sévère…), mettre un peu d’humour et de fun.

« Tu as envie de mettre un maillot aujourd’hui 17 novembre ? OK ! mais des bouées et des palmes aussi alors ! ».

Le valoriser, le rendre responsable, l’encourager.

N’oubliez pas de vous mettre à sa hauteur, accroupissez-vous, regardez-le, connectez-vous avec votre enfant pour lui faire passer vos messages et comprendre ce qu’il vit. Vous avez, lui et vous, une lecture souvent bien différente des situations. Retrouvez un langage commun pour communiquer et n’oubliez pas que vous, parents, êtes son/leur modèle. Si pas d’écran… alors pas d’écran pour vous! Si vous lui criez « ARRETE DE CRIEEEEER! », le message ne peut pas être compris, aussi fort soit-il!

 

Julie Renauld Millet

Coach systémique

Coaching Parents-Enfants / Formatrice Discipline Positive

Julie.renauld.millet@gmail.com

Le blog : https://julie-renauld-millet-life-coach.com

« Tu vas tomber ! »

Et si nous nous attardions quelques minutes sur ces expressions que nous utilisons si couramment et qui ne sont ni efficaces ni constructives… Voici comment les remplacer facilement par des phrases aidantes et prospectives.

« Attention tu vas tomber ! »

 

Ce que l’enfant perçoit :

C’est ce qu’on appelle une prophétie auto-réalisatrice. Au mieux l’enfant s’arrête, par peur de tomber, et n’osera plus. Au pire, l’enfant tombe pour faire plaisir au parent et lui donner raison. Ici l’enfant est coupé dans son élan, il se sent alors incapable, il n’osera pas y aller la prochaine fois.

Comment apprendre à faire du vélo en pensant qu’on va tomber… ?

Comment lui apprendre : mettre en garde sans prévoir le pire. « Attention, il y a un danger, tu l’as vu, évite-le ! »

 

« Ce n’est rien, ce n’est pas grave. Tu ne t’es pas fait mal. »

 

Ce que l’enfant perçoit : tu n’as pas le droit d’avoir mal, je nie ta douleur. Je sais mieux que toi si tu as mal.

Comment lui apprendre :  avec empathie : « ça a dû te faire mal, viens que je te console… maintenant tu peux repartir jouer ».

 

« Tu as peur ? Mais peur de quoi ? Il n’y a rien du tout ! »

 

Ce que l’enfant perçoit : J’ai peur de « rien » et pourtant j’ai vraiment peur, donc je suis fou… !

Comment lui apprendre : « Tu as peur de quoi ? Où ça ? Papa et maman sont là pour te protéger, c’est normal d’avoir un peu peur, et rassure-toi, il ne t’arrivera rien de grave, tu es en sécurité. »

 

« Tu dois / il faut »

 

Ce que l’enfant perçoit : j’obéis à mes parents par autoritarisme ou peur de la répression.

Je ne réfléchis pas aux conséquences logiques, ni à mon implication, ni aux solutions.

Je dois m’arrêter au feu parce que maman me l’a dit ou parce que la police va m’arrêter.

Comment lui apprendre : « que fait-on au passage piéton ? que faut-il regarder ? tu me dis quand c’est vert ». Si l’enfant est en danger, évidemment, le stopper par les mots (« stop ») ou physiquement, avant de lui parler.

 

« Non, ne monte pas sur la chaise ! »

Ce que l’enfant perçoit : monter est un danger, maman va me gronder, je ne monterai jamais, d’ailleurs j’ai le vertige.

Comment lui apprendre : « je t’accompagne, tu veux que je te tienne la main ou tu le fais seul ? Il y a un danger, la chaise peut basculer. Descend par là c’est plus sûr. »

 

« Mais si je t’écoute »

 

Ce que l’enfant perçoit : s’il y a un « mais » c’est bien que tu ne m’écoutais pas.

Comment apprendre : l’écoute active se fait les yeux dans les yeux, à la même hauteur et sans accessoire (IPhone…).

Ce n’est pas facile mais c’est le seul moyen d’écouter l’autre. Je suis d’accord, dans ces conditions, on n’écoute pas souvent l’autre, et c’est bien cela le problème et pour cela que les cabinets de psy sont bondés ! C’est le seul endroit où on peut se sentir vraiment écouté !

 

« Tu es nul »

« Tu es insupportable »

« Tu es méchant »

« C’est fou ce que tu es lent »

 

Ce que l’enfant perçoit : je suis incapable de m’améliorer, je me sens médiocre donc je vais continuer à creuser (cf prophétie auto-réalisatrice). J’ai une étiquette qui va me coller à la peau pour un moment !

« Mais croyez-vous vraiment que je le fais exprès ??? Et que je n’aimerais pas, moi aussi, me contenir, réussir, gérer mes émotions et briller toute la journée 

Comment lui apprendre : « ce que tu as fait n’est pas gentil. Je ne suis pas d’accord avec ton attitude. Ce n’est pas comme ça que je conçois les choses. Je suis blessée par tes propos ». Ce n’est pas l’individu qui est mis en cause mais l’action, les propos. Donc c’est modulable et non immuable. On peut progresser, toujours…

 

« On prête ses jouets »

 

Ce que l’enfant perçoit : je prête parce qu’il le faut, maman me l’a dit, sinon je vais me faire gronder. Mais moi je n’ai aucune envie de prêter, à quoi ça sert de prêter ? C’est mon jouet ! Ça ne fait pas 2 minutes que je joue avec. Je suis dans mon jeu, laissez-moi tranquille !

Comment lui apprendre : « Pourquoi prêter ? ça s’appelle la générosité et tu vas voir, ça fait super plaisir de prêter et de recevoir. Si Mathieu te prête sa voiture, tu seras sans doute super content. Mais c’est à toi de décider quand tu vas prêter. Par exemple, joue 5 minutes avec ton jeu, tout seul et quand tu le décideras, tu pourras le lui prêter. »

Et si tu veux qu’on te prête ce jouet, demande à Mathieu quand il serait prête à te le prêter. » « Dans 5 minutes ? Ok merci Mathieu ! »

Prendre le jouet des mains de l’enfant pour le prêter à un autre enfant, c’est la même violence que si l’enfant prend un jouet des mains d’un autre enfant sans le lui demander.

Dès lors que le contact se fait entre les deux enfants, dans le respect l’un de l’autre, en général, les enfants s’ouvrent et prêtent d’eux-mêmes.

Les enfants naissent naturellement dotés d’empathie et de générosité. C’est la norme sociale qui leur inculque le sentiment de propriété, de danger extérieur, etc.

Et l’enfant, avant 4 ans, ne peut pas comprendre ce qui est à lui, à la garderie, à son ami…

Il voit un jouet, il a envie d’y jouer. Point.

 

« Je te l’avais dit ! »

 

Ce que perçoit l’enfant : Culpabilisant, empêche l’autonomie. Je suis incapable de le faire par moi-même, je rate et mon parent m’enfonce dans cet échec. Je n’ai aucune envie de progresser.

Comment lui apprendre : faire preuve d’empathie pour valider ses émotions et lui permettre la réflexion « tu as dû avoir froid sans tes gants, j’imagine que ça a dû être désagréable. Qu’est-ce que tu pourrais faire la prochaine fois pour éviter cela ? »

 

« Pourquoi tu as fait ça ? »

 

Ce que perçoit l’enfant : la peur, la sidération, la contre- attaque ou la défense : « Je n’ai rien fait, c’est pas moi ! » ou « je ne sais pas ».

Comment lui apprendre : « que s’est-il passé », « comment s’est arrivé ? ».

Eviter le « pourquoi ».

Car la réponse finalement nous importe peu (« j’ai fait ça parce que je viens de rester enfermer dans une classe avec 30 élèves qui criaient, pendant une demi-journée, sans voir ma maman et sans pouvoir jouer à ce que je voulais ! »), ce qu’on veut c’est qu’il ne recommence plus.

L’enfant n’est plus sur la défensive mais peut se livrer, en sécurité, et ainsi, progresser ou chercher des solutions avec son parent (on peut décider en amont où évacuer sa colère ou son excitation au moment où elle survient).

Bon courage!

Julie Renauld Millet

Coach et Formatrice Discipline Positive

C’est tous les jours la fête foraine !

Unknown

Notre quotidien de parents est une fête foraine à crédit illimité.

Tantôt le grand huit, puis le train fantôme, quelques barbes à papa, beaucoup de pommes d’amour. On évite le tir à la carabine, mais pas forcément le chamboule tout. Quelques auto-tamponneuses et autres chutes libres.

Et l’essentiel : un trampoline pour rebondir… toujours.

Pas de recette miracle, juste un pas de recul pour comprendre comment fonctionne l’enfant et comment s’adapter quand on est désemparé. Ces petites clefs peuvent fonctionner un peu, beaucoup, momentanément.

Lorsque vous serez bloqués à nouveau, faites confiance à votre co-créativité pour trouver d’autres solutions. Parce que nos enfants grandissent, évoluent, changent tout le temps et c’est cela qu’on aime !

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  • (3 à 10 ans) Que faire s’il a du mal à s’endormir :

Son sujet : j’ai peur de rester seul, même si maman n’est pas loin

Votre sujet : j’ai tellement envie de dîner tranquillement avec mon mari !

Chacun peut y trouver son compte si : vous dessinez sur une ardoise 2 grands vases. Le 1er sera rempli des vilaines choses de la journée, l’autre des jolies choses. L’enfant choisit lui-même les couleurs que porteront chacun des vases. Il dessine lui-même ou la maman dessine/écrit selon l’âge et l’humeur.

La clef : se libérer des éventuelles tensions de la journée pour s’endormir paisiblement ! Se reconnecter avec son enfant et ses besoins (et comprendre pourquoi cela fait 10 fois qu’il vous rappelle).

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  • (2-5 ans) Que faire s’il a du mal à manger

Son sujet : Maman a l’air de mettre tellement d’énergie à me faire manger. Toute cette énergie… je prends !

Votre sujet : Je mets tellement d’énergie à le faire manger, en vain, je suis épuisée, je n’ai même plus faim !

Chacun peut y trouver son compte si : vous lâchez ! Nous les mamans, on a beaucoup de mal à lâcher sur ce sujet si délicat de la nourriture !! Se mettre à table avec lui et lui proposer des plats pour qu’il se serve selon sa faim et ses envies.

La clef : refaire du repas un moment convivial, déchargé d’émotions, où la nourriture n’est pas un sujet, mais parler de ce qu’on a très envie de faire ce week end… Nous sommes modèles de nos enfants, si on se nourrit apaisés, il y a des chances pour que l’enfant le fasse aussi.

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  • (4 – 8 ans) : Que faire s’il est déjà accro aux écrans :

Son sujet : je pourrais me gaver de dessins animés toute la journée, ça excite mon cerveau tout en m’abrutissant.

Votre sujet : mon enfant est léthargique et excité, je récupère une bombe à retardement si je le laisse plus longtemps.

Chacun peut y trouver son compte si : les écrans sont SECURISES (il ne peut tomber QUE sur des dessins- animés comme sur You Tube kids) et si vous anticipez et établissez – ensemble – un contrat : combien d’épisodes te semblent raisonnables ? 3 ? OK. Faire respecter le contrat pour renouveler l’autorisation. Et organiser l’activité qui suivra. L’enfant se construit en jouant.

La clef : co-construire et valoriser son engagement et le respect du cadre. Trouver des jeux et activités qui vous plaisent à tous les deux/trois.

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  • (2 – 8 ans) Que faire s’il ne vous laisse pas téléphoner tranquillement :

Son sujet : je veux ma maman pour moi tout seul

Le vôtre : je veux 10 minutes de paix pour moi toute seule !

Chacun peut y trouver son compte si : vous Anticipez, si vous pouvez !

« Pose ta main sur mon poignet pour que je me souvienne que tu veux me parler et dès que j’ai fini, ce sera à toi ». Ou lui indiquer sur une montre « Quand la grande aiguille sera sur le 10, je viendrai jouer avec toi, promis ». Ou encore lui confier une « mission » : « Est-ce que tu peux me sortir les légumes pour qu’on prépare ensemble le dîner de ce soir ? »

La clef : il a besoin de se sentir exister, important et contributeur (le mien adore mettre le linge sale dans le lave-linge, ça ne durera qu’un temps, j’en profite…). Il a besoin de sa connexion avec sa maman (la main posée sur le poignet peut l’aider).

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  • (2 – 10 ans) Il fait des crises aux supermarchés

Son sujet : c’est Noël ici !! il y a encore plus de cadeaux que sous le sapin !

Votre sujet : maman n’est pas le Père Noël et sa hotte est très limitée !

Chacun peut y trouver son compte si : encore une fois, vous anticipez. « Nous allons au supermarché, je suis d’accord pour t’offrir 1 journal/livre/sachet de bonbons… tu as le droit de les regarder TOUS et prend le temps de choisir ton PRÉFÉRÉ »

La clef : certains psy disent qu’il est cruel de confronter un enfant à autant de sollicitations en lui refusant tout, et de lui demander de se tenir correctement et en plus, de dire « d’accord maman, je ne réclamerai rien ». Ses neurones ne sont pas encore câblés pour qu’il accepte à ce point la frustration !  La frustration oui, mais en lui accordant 1 seule petite chose pour mieux la gérer. Ou le laisser à la maison (sous surveillance) !

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  • (2 – 6 ans) Il ne veut pas s’habiller

Son sujet : on me réveille, on me presse, j’ai froid, je suis fatigué, j’ai faim, je veux un câlin… comment ça il faut lever les bras pour mettre mon t-shirt ???

Votre sujet : on va être en retard à l’école/la crèche/chez Papy et Mamy

Chacun peut y trouver son compte si : on a préparé les habits la veille, c’est lui qui s’habille seul comme un grand, c’est lui qui choisit (choix limité : le bleu ou le rouge), c’est à son rythme (à nous de le réveiller plus tôt s’il lui faut plus de temps). Faire la course avec papa peut fonctionner parfois (entre frère/sœur, ça peut créer de la compétition, à utiliser avec modération !)

La clef : Alléger le niveau de stress déjà bien haut (le réveil, l’école, rien oublier pour la journée, la cantine, les copains, la maîtresse sévère…), mettre un peu d’humour et de fun. « Tu as envie de mettre un maillot aujourd’hui 17 novembre ? OK ! mais des bouées et des palmes aussi alors ! ». Le valoriser, le rendre responsable, l’encourager.

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  • (6-16 ans) Sa chambre n’en est plus une

Son sujet : Bah quoi… ? j’ai fait mon lit non… ?! C’est MA chambre!

Votre sujet : je ne supporte pas que les chaussettes sales, les paquets de gâteaux et les cahiers de classe cohabitent sur le lit. Ce n’est pas ce que j’appelle ranger !!

Chacun peut y trouver son compte si : vous verbalisez votre définition d’une chambre rangée. Votre enfant n’a pas la même conception du rangement et de la propreté que vous (c’est déjà rarement le cas entre deux frère et sœur ou même au sein du couple !). Vous vous mettez d’accord ensemble pour les 3 points qui vous semblent incontournables (ex. : linge sale, nourriture, bureau).

La clef : Respecter le territoire de l’enfant tout en lui faisant respecter votre cadre, et donc, votre maison.

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  • (8-14 ans) Il ne veut pas faire ses devoirs

Son sujet : j’ai juste envie de ne rien faire après cette journée surchargée, qu’on me fiche la paix !

Votre sujet : s’il continue comme ça, il va rater sciences po’. Oui il n’est qu’en CM2, et alors ??!!

Chacun peut y trouver son compte si : vous co-construisez un cadre avec lui. « Combien de temps te semble raisonnable pour te détendre avant de te mettre au travail, sans que tu te mettes en stress après parce que tu n’as pas assez de temps pour tout faire ».

Déléguer, peut être une solution efficace aussi, ainsi les devoirs ne sont pas chargés d’émotions parentales !

La clef : l’aider à gérer son temps, lui redonner de la motivation en l’encourageant. Eviter « avec ton 3 en maths, tu penses que tu peux te permettre de glander ?? », mais plutôt « Tu as eu 3, ce n’est pas terrible, mais tu vas trouver les ressources pour progresser, j’en suis sûre ». L’aider à retrouver l’envie, par tous les biais (qui sont les siens, selon sa personnalité, et non les vôtres).

Eviter « moi aussi j’étais nulle en math ». Car d’abord, il n’est pas « nul », pas plus que vous d’ailleurs, et que ça ne « s’attrape pas », les faiblesses scolaires… ! Sinon, à quoi bon faire des efforts puisque c’est ainsi depuis des générations !

En résumé, pour être efficaces :

  • L’écouter
  • Connecter avant de corriger
  • Faire avec et non pour
  • Co-construire les solutions pour l’impliquer et qu’il s’engage
  • Trouver des solutions en lien avec le sujet (éviter de lui faire mettre la table parce qu’il a eu 3 en maths…)
  • L’encourager
  • Perdre 5 minutes maintenant, pour en gagner toute la journée
  • Programmer des temps qualitatifs et dédiés à chacun de ses enfants (sans IPhone)
  • Regardez où vous en êtes quand vous pétez les plombs et où se situe votre enfant

N’oubliez pas que vous êtes son soleil… c’est vous qui éclairez son chemin, celui qu’il construit pas à pas, avec vous et pour lui.

(Et peut-être décrocherez-vous le pompon… qui sait ?!)

Julie Renauld Millet, Coach Parents-Enfant Discipline Positive

Julie.renauld.millet@gmail.com

Parents et Enseignants dans le même bateau

Je rêve d’un monde où la discipline positive serait enseignée aux enseignants, d’abord, puis à l’école et dans les famille. Un monde où tous ceux qui auraient intégré les bienfaits et l’efficacité de la Discipline Positive oeuvreraient conjointement… Enseignants, pères, mères et pourquoi pas grands parents…!

Les Ateliers Parents que j’anime attire beaucoup de mamans et peu de papas. J’en ai fais moi-même l’expérience au départ, il m’a fallu trouver quelques arguments choc pour y embarquer mon mari. Voici les miens :

  • Tu passes 7 soirées avec ta femme, planifiées, avec baby sitter réservée
  • Nous gambergeons sur un sujet d’avenir … nos enfants!
  • Nous allons glaner ensemble des outils pour que nos enfants fassent moins d’histoires au moment du coucher, du repas, du bain, de partir à l’école, etc.
  • J’ai trouvé des ateliers en bas de ton bureau (possible uniquement dans Paris intra muros où l’offre est plus développée qu’en Province…!)

Banco, malgré son agenda surchargé, il a réussi à partager avec moi 6 séances sur 7, un exploit!

Car la Discipline Positive ne se raconte pas, elle se vit. Rien à voir avec une secte!! Mais la force de la Discipline Positive c’est faire l’expérience de nous mettre dans la peau de nos enfants quand ils vivent les situations conflictuelles ou inconfortables du quotidien. C’est ce qui, à mon sens, provoque les déclics qui nous font changer de posture et adopter une toute autre approche.

Il ne s’agit pas de construire à nos enfants un nuage bien doux, sans aucune contrainte, ni règle, ni devoir… il s’agit de leur donner les clefs pour les mettre en capacité.

Et lorsque nous mettons en place une éducation basée sur l’encouragement, que nous remplaçons les punitions par des solutions moins humiliantes et plus constructives, on aimerait bien qu’à l’école, l’enfant s’y retrouve et que le château de cartes construit par l’enfant à la maison ne s’effondre pas. Et oui, que dire à son enfant – à qui nous avons répété que la punition ne lui apportait pas grand chose et qu’il valait mieux s’éloigner pour respirer, changer d’activité, crier sur une peluche… – quand il rentre de l’école avec un paragraphe à recopier ou une colle pour faire ses devoirs…?

Les enseignants sont démunis, ils n’ont aucun cours de pédagogie avant de se retrouver devant 30 élèves – qu’ils aient 3 ans ou 25 ans. Or apprendre ou transmettre au groupe, cela s’apprend, ce n’est pas inné. Il me paraît totalement irresponsable d’envoyer un enseignant au front sans pédagogie, qui plus est, dans une banlieue difficile quand il n’a encore aucune expérience!

La Discipline Positive apporte aux enseignants, là encore, la chance de se mettre dans la peau de leurs élèves, qui, avant d’être des élèves sont des enfants, et à qui on ne peut dérouler un cours comme s’ils étaient tous égaux intellectuellement et affectivement. Se mettre dans la peau de l’enfant permet à l’adulte de réaliser à quel point le pouvoir de l’enseignant est tout puissant, vertical et peut-être terrifiant. Nul besoin de crier, d’être agressif ou tyran.

L’enfant-élève traverse une série d’émotions angoissantes et stressantes tout au long de sa journée de cours, du départ en retard de la maison le matin, au brouhaha de la cantine, en passant par le cahier bleu qu’il a oublié, ses nouvelles chaussures qu’il a mises alors qu’il avait sport, son goûter qu’il se fait piquer, sa récitation qu’il se sent incapable de déclamer devant les autres, son blouson qui n’est décidément pas celui à la mode et sa mère qui, ce soir, est en retard, comme hier et sans doute comme demain… Toutes ces pensées l’envahissent avant même qu’il ait sorti son stylo pour travailler.

L’enfant, dans son grand huit d’émotions quotidien, est censé apprendre, comprendre, restituer et réussir… sans bavarder et en restant bien assis… 

La Discipline Positive donne des clefs aux enseignants pour mieux comprendre la jungle dans laquelle vivent leurs élèves et pour mieux les accompagner tout au long de leur vie scolaire. « Un enfant réussit mieux lorsqu’il se sent mieux« , insiste Jane Nelsen.

Les activités sont proches de celles utilisées pour les parents, basées sur l’encouragement, la fermeté et la bienveillance. Les solutions sont bien souvent co-construites avec la classe, pour gagner en efficacité, autonomie et responsabilisation. L’enseignant peut les animer avec une personne ressource, membre de l’Association Discipline Positive France.

L’élève se sent mieux et l’enseignant aussi : il est considéré, écouté et accompagné.

Tout ceci contribue à une cohérence et une harmonie qui permet à l’enfant de se construire dans les meilleures conditions pour devenir un adulte responsable, autonome, respectueux et confiant. Dans un monde si bouleversé, c’est plutôt utile, non…?