Ma place dans la fratrie

« Dans ma famille, je suis un ovni, je suis la rebelle, celle qui dérange et que personne ne comprend »

« Quelle place as-tu dans ta fratrie ? »

« Je suis la 3ème ».

CQFD

Jane Nelsen, docteur en psychologie de l’éducation, consacre tout un chapitre de son livre « La Discipline Positive », sur le rang dans la fratrie. Selon elle, appartenir à une même famille n’engendre pas forcément des caractéristiques communes entre les enfants, bien au contraire. Car « la plupart des enfants pense que la seule option qu’ils ont pour avoir un sentiment d’appartenance familiale est de se différencier au sein de la fratrie », principe adlérien fondamental, celui d’appartenir au groupe et d’y contribuer.

« Si l’un des enfants a investi un domaine avec succès, alors, pour survivre en continuant à être vus, les autres pensent qu’ils n’ont que quatre choix possibles :

  • Développer une compétence dans un domaine complètement différent
  • Entrer en compétition et faire mieux que les autres membres de la famille
  • Se rebeller ou se venger
  • Se désengager en étant convaincu de ne pas être à la hauteur ».

 

Or il existe bien plus de similitudes entre les enfants d’un même rang (les aînés, la cadets, les benjamins…) qu’entre les frères et sœurs d’une même famille.

On l’observe surtout chez les aînés et les benjamins, dont les traits de personnalité sont les plus prévisibles.

Les aînés pourront être qualifiés de responsables, leaders, autoritaires, perfectionnistes, etc.

Les benjamins entendront dire qu’ils sont choyés, qu’ils savent amadouer l’autre pour obtenir ce qu’ils veulent. Ils sont créatifs et s’amusent, il y a parfois plus d’espace et moins de pression pour eux. « Le risque : interpréter la vie comme injuste, à chaque fois que l’on ne s’occupe pas d’eux et qu’ils n’obtiennent pas ce qu’ils veulent », précise Jane Nelsen.

 Mais pourquoi est-il comme ça ?

Cette constatation nous permet de mieux comprendre les traits de caractère de nos enfants et de les aider à développer ce qu’ils ne se sentiraient pas capables de faire, à cause de leurs croyances et de leur perception, influencées par leur rang dans la fratrie.

Cela nous permet aussi de soulager les aînés à qui nous donnons toujours tant de responsabilités sous prétexte qu’ils sont les plus âgés. Ils n’ont rien demandé et ils doivent partager depuis tant d’années ! De responsabiliser les derniers-nés car ils n’auront pas toujours un grand frère pour leur tenir la main, eux aussi sont capables de faire par eux-mêmes et d’être grands… !

De comprendre pourquoi un 3è est si différent. Ce sont eux que l’on retrouve souvent dans les professions de psychologue, avocat, sophrologue… Ils sont souvent à l’écoute, empathiques, car ils ont passé du temps à observer pour se construire, à tenter de résoudre les problèmes causés plus haut. Ce sont eux qui remettent en question le système, qui soulèvent le tapis. Ils osent, ils ont un très fort besoin de justice. Ils peuvent être généreux puisqu’ils ont toujours partagé.

Privilégier la coopération plutôt que la compétition

Il existe des biais et de nombreuses exceptions, bien sûr. Les choses ne sont pas similaires dans une famille de 3 enfants et dans celle de 7 enfants. Lorsque la différence d’âge est supérieure à quatre ans, entre deux enfants, on considère alors qu’ils s’influencent moins les uns les autres. Le sexe également, peut faire que si l’aîné est un garçon, et que la seconde est une fille, cette dernière se sente l’aînée également.

L’atmosphère familiale peut avoir une influence sur ces caractéristiques. En privilégiant la coopération, plutôt que la compétition, la différence entre les enfants sera moindre.

Il est amusant de constater que nous pouvons être attirés par des pairs, ou au contraire, dans un couple, un petit dernier sera à la recherche d’un aîné pour combler son besoin de réassurance et de protection qu’il a toujours connu, et vice-versa.

Je connais une famille de quatre filles qui ont épousé, pour trois d’entre elles, des fils uniques. Avaient-elles envie de retrouver un peu d’unicité… ?

Il n’est pas question d’enfermer nos enfants dans des cases à caractéristiques communes, mais bien d’avoir des clefs supplémentaires pour mieux les comprendre et les aider à s’épanouir pleinement, en conscience.

Julie Renauld Millet

Coach systémique

Formatrice en Discipline Positive

 

 

 

Comment se construit un enfant ?

Le Docteur Eva Dreikurs Ferguson, fille de Rudolf Dreikurs qui a développé les travaux d’Alfred Adler, initiateur de la psychologie individuelle et tous deux psychiatres autrichiens du début du XXème, explique le concept de logique interne que nous nous façonnons dès la naissance.

Entre 0 et 6 ans, l’enfant absorbe chacune des informations transmises entre ses deux parents et plus généralement au sein de sa fratrie. La façon dont la mère parle au père, et réciproquement, les types de communication, les systèmes de pensées, d’actions, de réactions. L’enfant ne perd pas une miette des milliers de détails qui foisonnent au-dessus de sa tête au quotidien.

« Si la mère reproche au père, en criant, avec colère, d’avoir encore oublié les œufs au marché. L’enfant apprendra que dans la vie, nous pouvons obtenir les choses en criant et en étant en colère. Mais si le père répond qu’elle n’avait qu’à y aller elle-même. L’enfant apprendra que les cris et la colère ne suffisent parfois pas », explique Eva Dreikurs.

« On peut aussi choisir d’apprendre à l’enfant qu’il est possible de se parler poliment et de demander les choses sans se fâcher. Que l’on peut écouter l’autre, ses besoins et même entendre ce que l’autre a à dire. Ceci entre parents, mais savoir écouter aussi les enfants. Leur demander leur avis est encore trop rare, pourtant l’effet est tout à fait bénéfique ».

A 6 ans, l’enfant connaît tout de la communication entre ses parents. Et il découvre ainsi comment trouver de l’importance, ce qui est important ou non dans la vie (si on fait grand cas d’une boîte d’œufs oubliée ou non), quels types de comportements engendrent un succès ou un échec. Il découvre également, à travers ses informations, si la vie est dangereuse, imprévisible, etc.

Avant même son entrée à l’école, l’enfant détient une vision de la vie et il est persuadé que c’est la réalité.

C’est ainsi que l’enfant construit sa logique interne. S’il a observé que sa mère, ou son père, était sans cesse victime (des erreurs des autres, de la société, de son réveil en panne, de son patron désagréable…), il grandira en pensant que tout le monde est une victime, lui le premier. Et cela lui prendra beaucoup de temps (et de travail) pour réaliser qu’il peut ne pas être une victime.

« La logique privée est la clef pour interagir avec les siens. Elle prend racine dans nos interactions familiales. Nous avons chacun notre propre logique privée et pensons, chacun, que le monde est ainsi fait. »

Nos logiques privées nous amènent bien souvent à faire des suppositions, nous en faisons tout le temps (pour ceux qui les connaissent, c’est le 3è accord toltèque). Nous interprétons les messages de l’autre.

Eva Dreikurs raconte :

« Un psychiatre demande à une petite fille :

  • Qu’est-ce que tu veux faire plus tard ?

La petite fille répond :

  • Je veux être docteur
  • Ha, tu aimes aider les autres alors !
  • Non, je veux les découper !!

Ici le psychiatre possède une logique privée bien différente de celle de la petite fille qui n’est pas dans une logique d’aide, mais plutôt de super-pouvoir sur l’autre. »

« Les logiques privées peuvent évoluer. Les principes adlériens modifient le regard de l’enfant sur le monde. Selon Alfred Adler – psychiatre autrichien contemporain de Freud –  il ne s’agit pas d’apprendre à l’enfant à s’asseoir correctement ou à sourire plus souvent. Il s’agit de l’aider à changer sa logique interne si elle n’est pas adaptée au monde réel. La théorie adlérienne n’a donc pas pour objectif de rendre les gens plus heureux, mais de faire en sorte qu’ils fonctionnent mieux ensemble. Et s’ils fonctionnent mieux ensemble, alors leurs émotions seront positives », poursuit-elle.

Notre travail de formateur en discipline positive, ou mon travail de coach parental, est de comprendre les logiques internes de chacun (parents et enfants), de les mettre en harmonie et de faire en sorte qu’elles soient adaptées à la réalité, pour que la famille, dans son ensemble, fonctionne mieux.

Julie Renauld Millet, coach systémique

Formatrice en Discpline Positive

« Tu vas tomber ! »

Et si nous nous attardions quelques minutes sur ces expressions que nous utilisons si couramment et qui ne sont ni efficaces ni constructives… Voici comment les remplacer facilement par des phrases aidantes et prospectives.

« Attention tu vas tomber ! »

 

Ce que l’enfant perçoit :

C’est ce qu’on appelle une prophétie auto-réalisatrice. Au mieux l’enfant s’arrête, par peur de tomber, et n’osera plus. Au pire, l’enfant tombe pour faire plaisir au parent et lui donner raison. Ici l’enfant est coupé dans son élan, il se sent alors incapable, il n’osera pas y aller la prochaine fois.

Comment apprendre à faire du vélo en pensant qu’on va tomber… ?

Comment lui apprendre : mettre en garde sans prévoir le pire. « Attention, il y a un danger, tu l’as vu, évite-le ! »

 

« Ce n’est rien, ce n’est pas grave. Tu ne t’es pas fait mal. »

 

Ce que l’enfant perçoit : tu n’as pas le droit d’avoir mal, je nie ta douleur. Je sais mieux que toi si tu as mal.

Comment lui apprendre :  avec empathie : « ça a dû te faire mal, viens que je te console… maintenant tu peux repartir jouer ».

 

« Tu as peur ? Mais peur de quoi ? Il n’y a rien du tout ! »

 

Ce que l’enfant perçoit : J’ai peur de « rien » et pourtant j’ai vraiment peur, donc je suis fou… !

Comment lui apprendre : « Tu as peur de quoi ? Où ça ? Papa et maman sont là pour te protéger, c’est normal d’avoir un peu peur, et rassure-toi, il ne t’arrivera rien de grave, tu es en sécurité. »

 

« Tu dois / il faut »

 

Ce que l’enfant perçoit : j’obéis à mes parents par autoritarisme ou peur de la répression.

Je ne réfléchis pas aux conséquences logiques, ni à mon implication, ni aux solutions.

Je dois m’arrêter au feu parce que maman me l’a dit ou parce que la police va m’arrêter.

Comment lui apprendre : « que fait-on au passage piéton ? que faut-il regarder ? tu me dis quand c’est vert ». Si l’enfant est en danger, évidemment, le stopper par les mots (« stop ») ou physiquement, avant de lui parler.

 

« Non, ne monte pas sur la chaise ! »

Ce que l’enfant perçoit : monter est un danger, maman va me gronder, je ne monterai jamais, d’ailleurs j’ai le vertige.

Comment lui apprendre : « je t’accompagne, tu veux que je te tienne la main ou tu le fais seul ? Il y a un danger, la chaise peut basculer. Descend par là c’est plus sûr. »

 

« Mais si je t’écoute »

 

Ce que l’enfant perçoit : s’il y a un « mais » c’est bien que tu ne m’écoutais pas.

Comment apprendre : l’écoute active se fait les yeux dans les yeux, à la même hauteur et sans accessoire (IPhone…).

Ce n’est pas facile mais c’est le seul moyen d’écouter l’autre. Je suis d’accord, dans ces conditions, on n’écoute pas souvent l’autre, et c’est bien cela le problème et pour cela que les cabinets de psy sont bondés ! C’est le seul endroit où on peut se sentir vraiment écouté !

 

« Tu es nul »

« Tu es insupportable »

« Tu es méchant »

« C’est fou ce que tu es lent »

 

Ce que l’enfant perçoit : je suis incapable de m’améliorer, je me sens médiocre donc je vais continuer à creuser (cf prophétie auto-réalisatrice). J’ai une étiquette qui va me coller à la peau pour un moment !

« Mais croyez-vous vraiment que je le fais exprès ??? Et que je n’aimerais pas, moi aussi, me contenir, réussir, gérer mes émotions et briller toute la journée 

Comment lui apprendre : « ce que tu as fait n’est pas gentil. Je ne suis pas d’accord avec ton attitude. Ce n’est pas comme ça que je conçois les choses. Je suis blessée par tes propos ». Ce n’est pas l’individu qui est mis en cause mais l’action, les propos. Donc c’est modulable et non immuable. On peut progresser, toujours…

 

« On prête ses jouets »

 

Ce que l’enfant perçoit : je prête parce qu’il le faut, maman me l’a dit, sinon je vais me faire gronder. Mais moi je n’ai aucune envie de prêter, à quoi ça sert de prêter ? C’est mon jouet ! Ça ne fait pas 2 minutes que je joue avec. Je suis dans mon jeu, laissez-moi tranquille !

Comment lui apprendre : « Pourquoi prêter ? ça s’appelle la générosité et tu vas voir, ça fait super plaisir de prêter et de recevoir. Si Mathieu te prête sa voiture, tu seras sans doute super content. Mais c’est à toi de décider quand tu vas prêter. Par exemple, joue 5 minutes avec ton jeu, tout seul et quand tu le décideras, tu pourras le lui prêter. »

Et si tu veux qu’on te prête ce jouet, demande à Mathieu quand il serait prête à te le prêter. » « Dans 5 minutes ? Ok merci Mathieu ! »

Prendre le jouet des mains de l’enfant pour le prêter à un autre enfant, c’est la même violence que si l’enfant prend un jouet des mains d’un autre enfant sans le lui demander.

Dès lors que le contact se fait entre les deux enfants, dans le respect l’un de l’autre, en général, les enfants s’ouvrent et prêtent d’eux-mêmes.

Les enfants naissent naturellement dotés d’empathie et de générosité. C’est la norme sociale qui leur inculque le sentiment de propriété, de danger extérieur, etc.

Et l’enfant, avant 4 ans, ne peut pas comprendre ce qui est à lui, à la garderie, à son ami…

Il voit un jouet, il a envie d’y jouer. Point.

 

« Je te l’avais dit ! »

 

Ce que perçoit l’enfant : Culpabilisant, empêche l’autonomie. Je suis incapable de le faire par moi-même, je rate et mon parent m’enfonce dans cet échec. Je n’ai aucune envie de progresser.

Comment lui apprendre : faire preuve d’empathie pour valider ses émotions et lui permettre la réflexion « tu as dû avoir froid sans tes gants, j’imagine que ça a dû être désagréable. Qu’est-ce que tu pourrais faire la prochaine fois pour éviter cela ? »

 

« Pourquoi tu as fait ça ? »

 

Ce que perçoit l’enfant : la peur, la sidération, la contre- attaque ou la défense : « Je n’ai rien fait, c’est pas moi ! » ou « je ne sais pas ».

Comment lui apprendre : « que s’est-il passé », « comment s’est arrivé ? ».

Eviter le « pourquoi ».

Car la réponse finalement nous importe peu (« j’ai fait ça parce que je viens de rester enfermer dans une classe avec 30 élèves qui criaient, pendant une demi-journée, sans voir ma maman et sans pouvoir jouer à ce que je voulais ! »), ce qu’on veut c’est qu’il ne recommence plus.

L’enfant n’est plus sur la défensive mais peut se livrer, en sécurité, et ainsi, progresser ou chercher des solutions avec son parent (on peut décider en amont où évacuer sa colère ou son excitation au moment où elle survient).

Bon courage!

Julie Renauld Millet

Coach et Formatrice Discipline Positive

Gaspard 4 ans se lance dans la Discipline Positive avec Louise 2 ans

Beaucoup de parents me demandent à quel âge peut on commencer à pratiquer la Discipline Positive. Et d’autres me demandent, jusqu’à quel âge est-ce que cela fonctionne…

La Discipline Positive peut se mettre en place bien avant Tintin, dès les premières années de vie. Il s’agit au départ, de poser un regard bienveillant sur son nourrisson, d’essayer de comprendre ses besoins et y répondre autant que possible. Chez le nourrisson, les pleurs sont fréquents et bien souvent, nous nous sentons démunis car, a priori, tout va bien, mais… il ne cesse de pleurer. Et oui… a priori tout va bien. Et vous, adulte, ne vous est-il jamais arrivé d’avoir – a priori – tout ce qu’il vous faut et pourtant, il y a bien quelque chose qui cloche et qui me noue l’estomac. « J’ai tout pour être heureux et pourtant ça ne va pas ». Les nourrissons comme les adultes ont le droit d’être noués, cela leur arrive souvent plus fréquemment qu’à nous, heureusement, et la seule et unique réponse à leur apporter est du réconfort. Idem pour l’adulte d’ailleurs. Sachez à ce propos, messieurs, qu’une femme qui ne va pas bien ne cherche pas forcément une solution, un plan B, un slide show ou un rendez-vous chez le psy… mais bien souvent, une écoute bienveillante et du réconfort, sans pompier, sans intervention d’urgence. Juste de l’écoute et du réconfort.

Quand les enfants baignent dans la Discipline positive depuis un moment déjà et grâce à nos neurones miroir, on peut assister à de belles surprises. Ainsi Gaspard, mon fils de 4 ans, commence à se servir de la Discipline Positive pour calmer sa soeur de 2 ans. Il la voit crier, se mettre en colère, ne pas avoir ce qu’elle veut. Il pourrait se mettre en colère à son tour, partir en courant ou venir me demander de la faire taire. Mais si lui-même est apaisé, il s’approche délicatement d’elle et lui demande « Qu’est-ce qui na va pas Louise? Tu veux qu’on aille jouer à cache-cache ou tu préfères jouer avec tes doudous? » Louise s’apaise aussitôt, elle est entendue, comprise et estimée, elle peut se calmer et retourner jouer. Sur des enfants si petits, c’est magique. Ils sont d’une créativité incroyable, plein de ressources. Lancez-leur la balle, vous recevrez beaucoup de très bonnes surprises.

Est-ce que la Discipline Positive peut encore faire effet sur des adolescents qui ont reçu une éducation différente depuis 15 ou 18 ans…?

Il n’est jamais trop tard pour bouger, ajuster, repenser les relations avec vos enfants. Ils grandissent et changent beaucoup, d’une année sur l’autre, d’un mois sur l’autre. Et vous aussi, vous n’êtes jamais le même parent avec l’un et l’autre de vos enfants et votre histoire parent/enfant évolue considérablement au fil du temps, des événements qui vous entourent, de votre chemin personnel. En Discipline Positive, nous avons l’habitude de prévenir les parents que tout changement peut être déstabilisant pour l’adolescent et, comme sur un distributeur de canettes lorsque la canette reste bloquée, l’adolescent peut avoir envie de donner un coup de pied dans la fourmilière pour voir si elle va reprendre ses anciennes habitudes. A vous de tenir et de respecter le rythme de chacun. « Trust the process« .

Ce qui compte c’est de trouver ce qui vous convient à vous et d’aller au bout. Et là aussi, lancer-leur la balle, posez-leur la question si la vie familiale leur convient bien comme ça ou s’ils auraient envie de changer certaines choses pour améliorer l’équilibre de la maison. C’est en les faisant tous participer, du plus petit qui sait à peine parler au plus grand qui ne veut plus parler, en co-construisant les solutions et les règles de la maison, que leurs besoins d’appartenance et d’importance – qui leur sont fondamentaux – seront comblés. Vous serez ainsi bien plus écouté pour, à votre tour, demander aux uns et aux autres, de trouver des solutions constructives pour…. limiter le temps passé devant les écrans, ranger la cuisine en sortant de table, respecter son frère et sa soeur, rentrer à une heure raisonnable, etc.

Il n’y a donc pas d’âge pour se lancer dans la Discipline Positive. C’est comme un muscle, ça se travaille. Au début, on a des courbatures, on est essoufflé, les premiers efforts nous paraissent des montagnes. Petit à petit, si nous respectons notre rythme et notre souffle, la pratique est plus fluide, moins laborieuse et les résultats nous aident à poursuivre notre chemin.

La Discipline Positive, vous l’aurez compris, fonctionne aussi très bien entre adultes, dans le management. Redonner une place de choix au respect mutuel, à l’encouragement, aux questions de curiosité, à la co-construction… permet à l’évidence de travailler – et de vivre – dans de meilleures conditions, avec envie, efficacité et confiance.

Gardez le cap!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« Mais si je t’écoute! »

Si cette phrase vous dit quelque chose, ou plutôt si cette phrase vous contrarie parce que vous l’entendez trop souvent ou parce qu’il vous arrive de la dire alors, penchons-nous sur l’écoute active.

Je constate que dans bien des couples, le mari et la femme sont tous deux de bonne foi, ils se renvoient la balle, d’un côté, puis de l’autre, avec toujours la conviction d’être incompris, pas entendu, culpabilisé, sans cesse fautif. Le mari veut apporter des réponses, des solutions, un slide, un poke, l’appel à un spécialiste, lorsque sa femme a juste envie d’être écoutée, épaulée. L’homme est désoeuvré, voudrait donner davantage et selon lui, cela passe par du concret, il s’agite, désespère de ne pas trouver de solution. Sa femme ne comprend pas pourquoi il s’agite autant, pourquoi il a l’air si absent… alors qu’il est dans la réflexion, dans cette vaine recherche de solutions…

La clef, c’est l’écoute active, bienveillante. Cette attention, cette présence, celle-la même qui vous accompagne lors de la venue au monde d’un enfant. Le mari ne peut rien d’autre qu’être là. Il ne peut pas attraper les forceps, il ne peut pas appeler un autre gynécologue, il ne peut pas faire de recherche de tuto… il peut juste être là, à l’écoute, bienveillant, présent.

Cette écoute active peut être très compliquée à appliquer, elle est si rare. Nous sommes sans arrêt happés par l’idée suivante. Ce que tu me racontes m’évoque quelque chose que j’ai à mon tour envie de te raconter et ça y est… je ne t’écoute plus. Ce que tu me racontes crée chez moi l’angoisse de ne pas pouvoir t’aider et ça y est… je ne t’écoute plus.

Marshall Rosenberg, dans son ouvrage « Les mots sont des fenêtres. (Ou bien ce sont des murs) », propose un outil fort utile : la paraphrase.

Lorsqu’un dialogue conflictuel s’installe entre une femme et son époux, par exemple :

La femme : « Tu ne m’écoutes jamais.

Mais si je t’écoute, répond t-il.

Mais non« , rétorque t-elle.

La femme éprouve un réel besoin : être écoutée. Sa perception est qu’elle ne l’est pas, quand son mari est persuadé, lui, de l’écouter… Dialogue de sourds!

La paraphrase permet une qualité d’écoute tout à fait différente :

La femme : « Tu ne m’écoutes jamais.

Lui : Il me semble que tu es très frustrée car tu aimerais sentir plus de compréhension profonde lorsque nous nous parlons« .

La femme se sent enfin comprise et peut s’ouvrir ou… passer à autre chose!

La paraphrase consiste à identifier les besoins derrière la demande et à valider les sentiments de son interlocuteur. Si la femme dit qu’elle ne se sent pas écoutée, il ne sert à rien de la persuader du contraire tant que nous n’avons pas validé ses sentiments et ses besoins. Le problème ne vient pas du fait que l’homme n’écoute pas sa femme, le problème ici, c’est que la femme est en souffrance, l’exprime et veut être comprise.

Cette situation se retrouve très souvent entre un parent et son enfant adolescent, qui se sent sans cesse incompris. Cela fera l’objet d’autres articles plus spécifiques.