J’ai toujours défendu l’idée de parler, d’expliquer, de raconter aux enfants ce qui se passe autour d’eux. Les enfants sentent tout, inutile donc de leur cacher les choses, le doute fait au contraire monter l’angoisse. Or il existe évidemment des exceptions et des nuances.
Dans cette actualité anxiogène, le sujet n’est pas évitable. Les enfants savent pourquoi leur école est fermée. Selon ce que vous leur avez expliqué, ils sont plus ou moins inquiets. Que faudrait-il leur dire précisément? Et si nous en disions trop, ou pas assez? Quelle est notre responsabilité?
La première de nos responsabilités est d’éteindre la radio. La première phrase que j’ai entendue ce matin au petit déjeuner alors que ma radio était allumée était « la situation va empirer de jour en jour ». Première et dernière phrase. Quel est l’intérêt de prononcer cette phrase à 8H du matin, quel est l’intérêt de l’écouter? Nous sommes conscients de la gravité de la situation et à présent qu’en faisons-nous?
Une fois que nous avons expliqué les faits clairement à nos enfants selon leur âge et leur maturité. Pour des enfants de 5-7 ans par exemple : « Il y a un virus qui circule en ce moment qui est très contagieux, c’est un virus comme la grippe, qui n’est pas grave si les enfants ou les parents l’attrapent mais si des personnes fragiles ou âgées l’attrapent ils peuvent tomber très malades, donc on les protège en évitant les contacts, pendant plusieurs semaines ». « Oui cela peut être grave, non ça ne le sera probablement pas pour nous, et en attendant que cela passe, nous allons faire tout un tas d’activités géniales, et comme papa et maman doivent continuer à travailler, vous allez aussi jouer un peu seuls ou entre frères et soeurs, et nous aider un peu dans la maison. »
Après ces explications il est essentiel de maintenir les enfants dans leur univers d’enfants, avec de la légèreté, des rires, des jeux, de la danse, des projets, un cadre… Ils vont sentir votre anxiété, mais ils n’ont pas besoin de la porter, ni la vôtre ni celle des soignants, des médecins que l’on applaudit chaque soir. C’est magnifique de leur faire partager cet élan de solidarité une fois, mais après l’avoir fait une ou deux fois, 20 heures doit redevenir l’heure des histoires, des rêves, du temps partagé, des câlins. L’enfant doit pouvoir s’endormir confiant et songeur et non inquiet qu’il n’y ait plus suffisamment de masques dans les hôpitaux. La radio comme la télévision branchées sur les actualités doivent restées hors de leurs portée, de la vôtre aussi d’ailleurs, cela vous reposera. Ces mesures sont encore plus importantes dans un contexte de promiscuité totale.
Répondez à toutes les questions qu’ils se posent, bien entendu, et si vous voyez que malgré tout, la peur s’installe et génère des troubles psychosomatiques (maux de ventre, de gorge, toux nerveuse), faites-le écrire ou dessiner ce qu’il craint, faites-le explorer cette peur en l’accompagnant, puis passez à autre chose.
Déconnectez-vous le plus possible des réseaux pour être en lien avec vos enfants, votre conjoint, les regarder dans les yeux, les observer en silence, les rejoindre dans leurs diverses émotions.
Le contexte est anxiogène, certes, il est aussi enrichissant, faites-en une expérience exceptionnelle à vivre en famille, vous avez beaucoup à portée de main (la cuisine, le bricolage, la lecture, la danse, le chant, les spectacles, la couture, l’invention d’histoires, la confectionne de cadeaux pour les copains plus tard, les chasses aux trésors, les cache-cache, les puzzles, les jeux de cartes, les jeux de société, les parcours de bille, la pâte à sel, les plantations de lentilles et noyaux d’avocats, la peinture, le réaménagement des chambres, le grand tri,…)
N’ayez pas peur du vide, de l’ennui, de l’inconnu, faites-vous confiance, faites-leur confiance, cessez de parler de « confinement », de « covid » et de « virus », parlez « printemps », « temps en famille », « école buissonnière », « vacances improvisées », « week end géants »…
Et prenez soin de vous!
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julie.renauld.millet@gmail.com