Qui n’a pas, au moins une fois dans sa vie, lu sur son bulletin scolaire « Peut mieux faire« . Ou entendu l’un de ses parents dire : « C’est pas mal, mais tu peux mieux faire« . Qu’avez-vous ressenti alors…?
« Peut mieux faire » est sans doute l’une des expressions les plus décourageantes et malheureusement les plus courantes que l’enfant rencontrera dans son parcours scolaire. Deux cas de figures se présentent :
1. L’enfant s’est surpassé, il a tout donné pour ce contrôle et à l’arrivée, le résultat attendu le déçoit, déçoit ses parents, son enseignant… Lui dire « tu aurais pu faire mieux« , ne fait qu’enfoncer le couteau dans la plaie. L’enfant a envie de se cacher, se faire tout petit, disparaître, ne plus tenter par peur de se tromper à nouveau.
2. L’enfant n’a pas beaucoup bossé, pas très motivé, le résultat est donc moyen. Lui dire « tu aurais pu faire mieux« , n’est pas une découverte pour lui, en revanche comment lui donner envie de faire mieux…?
- Comment donner à l’enfant l’envie de faire mieux?
Il s’agit de faire un peu de gymnastique afin de trouver des tournures de phrases plus encourageantes et surtout moins culpabilisantes. Car la culpabilité, au mieux victimise, au pire paralyse. L’encouragement prend racine sur la notion de progrès.
« Quelle note avais-tu obtenu la dernière fois? », « Que te manque-t-il pour y arriver? », « Qu’est-ce qui s’est passé pour que ta note soit moins bonne cette fois? », « Ce devoir était-il difficile? », « Qu’est-ce qui était difficile pour toi? », « Qu’est-ce qui pourrait t’aider? », « Voilà tout ce que tu as réussi à faire. Et voici ce que tu n’as pas encore réussi à faire », « Je vois que tu as bien progressé, en passant de 6 à 8, tu vas y arriver », « Tu as fait beaucoup d’efforts », « Plus on s’entraîne, mieux on y arrive »…
Quelle marche as-tu envie d’atteindre la prochaine fois?
Il ne s’agit pas de féliciter son enfant d’une note moyenne, ni de souligner que l’important c’est d’être heureux dans la vie. L’enfant a besoin d’être encouragé pour se dépasser. Sortir de la compétition avec les autres, comparer ses notes, pour entrer en compétition avec lui-même. Et il ne peut construire sa motivation endogène qu’en étant encouragé. Le féliciter, lui dire « je suis fier de toi« , crée la dépendance au regard de l’autre. Toute sa vie, l’enfant – puis l’adulte – attendra le bon point, l’image, l’admiration de son parent, de son enseignant, puis de sa femme, de son patron, etc. En revanche, l’amener à tourner son regard vers lui-même « qu’en penses-tu? », « comment trouves-tu ton dessin? », « je te fais confiance pour trouver la solution toi-même », « tu peux être fier de toi« … sont des piliers pour construire la confiance et l’estime de soi, pour la vie.
Julie Renauld Millet, thérapeute systémique pour enfants