Louise a 3 ans et j’ai réussi à ne pas lui transmettre ma peur des chevaux. Elle y va, sans aucune appréhension, le cheval est son amie, comme sa chienne, elle ne voit pas de différence ni de potentiel danger lié au poids de la bête, par exemple! Je suis admirative et réalise à quel point la peur se glisse dans les failles aussi petites soient-elles et que cela n’a rien à voir avec la taille, le volume, le poids… Si Louise n’a pas peur des araignées par exemple, beaucoup de gens en ont peur même si tous savent qu’ils peuvent les écraser avec un seul de leurs dix doigts…
« Tu n’as pas de raison d’avoir peur, il n’y a rien! »
C’est vrai qu’il n’y a parfois pas de raison valable, mais la peur est une émotion, donc, par essence, elle est incontrôlable. Et il n’y a pas « rien », il y a des tas de projections dans ma tête, des bruits que je surestime, des ombres que je perçois, des angoisses dans mon coeur…
– N’aie pas peur!
– Mais crois-tu vraiment que je contrôle quoique ce soit là-haut…? ne crois-tu pas que moi aussi j’aimerais bien me passer de cette peur??
Si la peur est une émotion utile pour nous préserver, nous protéger de manière ancestrale, elle n’en est pas moins inconfortable, désagréable, voire invalidante parfois. Et si l’entourage peut nous aider, les parents peuvent rassurer, c’est certainement pas en évitant cette peur, ou en tentant de l’étouffer voire de la nier. Elle est là, bien présente, et nous allons ensemble l’apprivoiser.
– J’ai peur!
– Je comprends que tu as peur, de quoi as-tu peur? ça ressemble à quoi? Qu’est-ce que tu entends ou vois et que pourrions-nous faire pour que la peur s’éloigne…?
Si l’enfant (ou l’adulte) a déployé beaucoup d’énergie à essayer de ne plus avoir peur, alors la solution est de laisser venir cette peur, et de s’armer pour la combattre à l’aide d’une feuille et d’un crayon pour la décrire, la dessiner, à chaque fois qu’elle pointe le bout de son nez. Pendant que l’enfant sera concentré sur sa feuille, il se défocalisera de l’émotion pour l’analyser et mieux s’en éloigner. Pour les enfants, on peut aussi l’inviter à fabriquer une boîte à monstres, à fantômes, qu’il peint lui-même et ensemble, y enfermer les peurs, tous les soirs s’il le faut. Avec de l’humour, tout en prenant au sérieux l’enfant.
– Les monstres et fantômes que nous avons attrapés sous ton lit, nous allons les libérer par la fenêtre et ils iront mordre les fesses des passants…!!
L’important est de prendre au sérieux l’enfant sans pour autant amplifier son angoisse, écouter, discuter puis co-construire des solutions avec lui.
Julie Renauld Millet, coach parental et thérapeute systémique