« Tu vas tomber ! »

Et si nous nous attardions quelques minutes sur ces expressions que nous utilisons si couramment et qui ne sont ni efficaces ni constructives… Voici comment les remplacer facilement par des phrases aidantes et prospectives.

« Attention tu vas tomber ! »

 

Ce que l’enfant perçoit :

C’est ce qu’on appelle une prophétie auto-réalisatrice. Au mieux l’enfant s’arrête, par peur de tomber, et n’osera plus. Au pire, l’enfant tombe pour faire plaisir au parent et lui donner raison. Ici l’enfant est coupé dans son élan, il se sent alors incapable, il n’osera pas y aller la prochaine fois.

Comment apprendre à faire du vélo en pensant qu’on va tomber… ?

Comment lui apprendre : mettre en garde sans prévoir le pire. « Attention, il y a un danger, tu l’as vu, évite-le ! »

 

« Ce n’est rien, ce n’est pas grave. Tu ne t’es pas fait mal. »

 

Ce que l’enfant perçoit : tu n’as pas le droit d’avoir mal, je nie ta douleur. Je sais mieux que toi si tu as mal.

Comment lui apprendre :  avec empathie : « ça a dû te faire mal, viens que je te console… maintenant tu peux repartir jouer ».

 

« Tu as peur ? Mais peur de quoi ? Il n’y a rien du tout ! »

 

Ce que l’enfant perçoit : J’ai peur de « rien » et pourtant j’ai vraiment peur, donc je suis fou… !

Comment lui apprendre : « Tu as peur de quoi ? Où ça ? Papa et maman sont là pour te protéger, c’est normal d’avoir un peu peur, et rassure-toi, il ne t’arrivera rien de grave, tu es en sécurité. »

 

« Tu dois / il faut »

 

Ce que l’enfant perçoit : j’obéis à mes parents par autoritarisme ou peur de la répression.

Je ne réfléchis pas aux conséquences logiques, ni à mon implication, ni aux solutions.

Je dois m’arrêter au feu parce que maman me l’a dit ou parce que la police va m’arrêter.

Comment lui apprendre : « que fait-on au passage piéton ? que faut-il regarder ? tu me dis quand c’est vert ». Si l’enfant est en danger, évidemment, le stopper par les mots (« stop ») ou physiquement, avant de lui parler.

 

« Non, ne monte pas sur la chaise ! »

Ce que l’enfant perçoit : monter est un danger, maman va me gronder, je ne monterai jamais, d’ailleurs j’ai le vertige.

Comment lui apprendre : « je t’accompagne, tu veux que je te tienne la main ou tu le fais seul ? Il y a un danger, la chaise peut basculer. Descend par là c’est plus sûr. »

 

« Mais si je t’écoute »

 

Ce que l’enfant perçoit : s’il y a un « mais » c’est bien que tu ne m’écoutais pas.

Comment apprendre : l’écoute active se fait les yeux dans les yeux, à la même hauteur et sans accessoire (IPhone…).

Ce n’est pas facile mais c’est le seul moyen d’écouter l’autre. Je suis d’accord, dans ces conditions, on n’écoute pas souvent l’autre, et c’est bien cela le problème et pour cela que les cabinets de psy sont bondés ! C’est le seul endroit où on peut se sentir vraiment écouté !

 

« Tu es nul »

« Tu es insupportable »

« Tu es méchant »

« C’est fou ce que tu es lent »

 

Ce que l’enfant perçoit : je suis incapable de m’améliorer, je me sens médiocre donc je vais continuer à creuser (cf prophétie auto-réalisatrice). J’ai une étiquette qui va me coller à la peau pour un moment !

« Mais croyez-vous vraiment que je le fais exprès ??? Et que je n’aimerais pas, moi aussi, me contenir, réussir, gérer mes émotions et briller toute la journée 

Comment lui apprendre : « ce que tu as fait n’est pas gentil. Je ne suis pas d’accord avec ton attitude. Ce n’est pas comme ça que je conçois les choses. Je suis blessée par tes propos ». Ce n’est pas l’individu qui est mis en cause mais l’action, les propos. Donc c’est modulable et non immuable. On peut progresser, toujours…

 

« On prête ses jouets »

 

Ce que l’enfant perçoit : je prête parce qu’il le faut, maman me l’a dit, sinon je vais me faire gronder. Mais moi je n’ai aucune envie de prêter, à quoi ça sert de prêter ? C’est mon jouet ! Ça ne fait pas 2 minutes que je joue avec. Je suis dans mon jeu, laissez-moi tranquille !

Comment lui apprendre : « Pourquoi prêter ? ça s’appelle la générosité et tu vas voir, ça fait super plaisir de prêter et de recevoir. Si Mathieu te prête sa voiture, tu seras sans doute super content. Mais c’est à toi de décider quand tu vas prêter. Par exemple, joue 5 minutes avec ton jeu, tout seul et quand tu le décideras, tu pourras le lui prêter. »

Et si tu veux qu’on te prête ce jouet, demande à Mathieu quand il serait prête à te le prêter. » « Dans 5 minutes ? Ok merci Mathieu ! »

Prendre le jouet des mains de l’enfant pour le prêter à un autre enfant, c’est la même violence que si l’enfant prend un jouet des mains d’un autre enfant sans le lui demander.

Dès lors que le contact se fait entre les deux enfants, dans le respect l’un de l’autre, en général, les enfants s’ouvrent et prêtent d’eux-mêmes.

Les enfants naissent naturellement dotés d’empathie et de générosité. C’est la norme sociale qui leur inculque le sentiment de propriété, de danger extérieur, etc.

Et l’enfant, avant 4 ans, ne peut pas comprendre ce qui est à lui, à la garderie, à son ami…

Il voit un jouet, il a envie d’y jouer. Point.

 

« Je te l’avais dit ! »

 

Ce que perçoit l’enfant : Culpabilisant, empêche l’autonomie. Je suis incapable de le faire par moi-même, je rate et mon parent m’enfonce dans cet échec. Je n’ai aucune envie de progresser.

Comment lui apprendre : faire preuve d’empathie pour valider ses émotions et lui permettre la réflexion « tu as dû avoir froid sans tes gants, j’imagine que ça a dû être désagréable. Qu’est-ce que tu pourrais faire la prochaine fois pour éviter cela ? »

 

« Pourquoi tu as fait ça ? »

 

Ce que perçoit l’enfant : la peur, la sidération, la contre- attaque ou la défense : « Je n’ai rien fait, c’est pas moi ! » ou « je ne sais pas ».

Comment lui apprendre : « que s’est-il passé », « comment s’est arrivé ? ».

Eviter le « pourquoi ».

Car la réponse finalement nous importe peu (« j’ai fait ça parce que je viens de rester enfermer dans une classe avec 30 élèves qui criaient, pendant une demi-journée, sans voir ma maman et sans pouvoir jouer à ce que je voulais ! »), ce qu’on veut c’est qu’il ne recommence plus.

L’enfant n’est plus sur la défensive mais peut se livrer, en sécurité, et ainsi, progresser ou chercher des solutions avec son parent (on peut décider en amont où évacuer sa colère ou son excitation au moment où elle survient).

Bon courage!

Julie Renauld Millet

Coach et Formatrice Discipline Positive

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